Les minutes vides sont liberté d'attendre
Le temps indifférent qui navigue au long court
Les chemins oubliés des illusions factices.
En vain sonnent le glas d'une âme nonchalante
Un soleil s'est enfuit, entraînant les étoiles
Je voudrais les étreindre à travers l'étendue
Mais tout n'est que parole ou cendre de pensée.
Ici sera l'attente, disposons le décor
Nous mettrons là l'angoisse et ici la colère
Nous disposerons du désir et de la mélancolie
Et quand viendra la fin j'inventerais les larmes
Comme un étrange rappel du tout premier voyage.
Dehors est la vie en musiques célèbres
La calme melopée des héros abattus
Ces regards libérés qui se remettent en cage
Effrayés de grandeur,apeurés par l'amour
Je tend l'oreille aux appels de la nuit
Et j'entend dans mon coeur un chant de solitude.
R Raynal
Vois tu cette ombre sur le sol gelé
Fine et indistincte en aiguille de glace
Et l'esprit gourd qui lentement contemple
Par peur de réchauffer une ombre du regard
Et cette étoile jaune,riche par ses reflets
Isolée aussi,solitaire ne sa puissance
Ce reflet qui se meut silencieux sur ma page
Ces rayons d'or furtif.ces contrastes étranges
Qui rappellent à mon âme l'éclat de vos regards.
En moi viennent des marées d'oubli ou de mémoires
Voyages intérieur aux sources de la magie
Sur des voies parallèles à l'imagination.
Rêves et souvenirs ne sont que vents folâtres
J'attendrai le présent,l'hommage d'un regard
Pour calmer ces tempêtes qui agitent ma plume.
Un jour l'encre s'arrêtera à l'orée du bonheur
Et ce qui sera notre.je le mettrais en mot.
R. Raynal
Dans les reflets mouvants sis au delà des murs
Etonnantes constellations dont se pare la nuit
Ici est la couleur faite pour l'oeil de l'homme
Un autre ciel se créé sous les abîmes stellaires
Droites illuminées, courbes irridescentes
Tout se meut
Se confond dans les flottements du regard
Vives pupilles se saupoudrant d'un rêve
Pour la foi d'un instant en la parole humaine.
L'oubli du mouvement, tendre sollicitude
Aspire mes pensées
Echardes de mondes lointains
En tourbillons scintillants pour les miroirs de l'âme.
L'oubli se fait, un monde passe
Reste celui qui sait, et contemple l'étoile
Grisé de solitude
Une ville a ses pied.
R.Raynal
Ebauches ou esquisses
Il est bien des routes vers les lieux du devenir
Et le penseur s'arrête
Fige l'instant dans sa course
Pour attendre les secondes sur nos routes intérieures.
Reflets inversés sur la vitre du regard
Entraînés dans nos courses pour d'éternelles secondes
Ou nos conflits muets s'oublierons sur nos lèvres.
Passe l'éblouissement des gouffres extérieurs
La nuit percée de fléchés s'écroule sous nos pas
Pour d'autres rivages, d'autres cieux
D'autres errances aux lisières de l'âme.
A travers l'étendue s'élancent d'autres hommes
Elégants et blafards, bien plus fins que des voiles...
Les horizons s'écartent aux confins de l'action
Passent les silhouettes d'oubli ou de désir
Musicales et blêmes qui reposent entre nos doigts.
Ici est l'élan, la mouvance subite
Les éclats dérisoires, les moments éternels
Les mots qui courent, véloces
Ceux qui sifflent et claquent
Ceux qui brisent les chaînes qui sommeillent en nous
Tels sont les êtres poussés aux vents des choses
Qui cheminent, démons perdus
Sur nos routes intérieures.
R.Raynal
Les globes dessinent de mouvantes auréoles
Du rouge décadent au bleu le plus tenace
Lumière dispensée pour rien ou pour les yeux
Nul ne pénétrera les nuits de la mémoire
Des formes inconnues se détachent des murs
Saveurs de la grisaille en désir d'errance
Les questions qui patientent dans ces nuits
Ou l'imprécision sourd comme fièvre de l'eau
Là sont les brumes qui effacent le chemin
Et le pas se fait lent pour qui aime cela
Sentiments indécis,espaces de solitudes.
Pour moi,j'ai arrêté le temps
Les aiguilles en ballade comme glace de jour
Ont arrêtées sur mes yeux l'interminable course
Loin,la noirceur se fera aube
Mais le pas noble s'éloigne
Il faut refermer les yeux, les vivre
Dans l'attente des rues, rivières imprécises
Dans ces rencontres furtives au détour d'une nuit.
une blancheur complice s'étend sous le regard
muette attente de création
territoire vierge ou la pensée laisse sa marque
ici commence l'aventure
ici court la plume ou frappe le stylet
disposant doucement tout le peuple des lettres
arrangées avec art comme marques furtives
parole muettes pour l'hommage de l'oeil
Là sera la glace et disposons le feu
ici l'auteur arrêtera la course de ses doigts
sourires
Et le lecteur en lui même, ému
Ainsi passent des vies pour le parfum d'une encre
Fugitive tendresse qui caresse la page
Agitation indécise à l'orée de la phrase
Mouvance furtive de la musique des mots
Qui filtrent lentement des arcanes d'un crâne
Pour flotter lentement de sublimes instants
pour voler a nos vies de précieuse secondes
avant de s'écouler, ivres de signifiance
dans l'ornière de la page jusqu'au prochain départ
pour un nouvel envol dans vos lectures complices
L'esprit avide de savoir inverse les changements
dans la quête étonnantes des ailleurs révélés
interroge la matière, mémoire et souvenir
sur les étranges aurores par delà la lumière
dans des temps reculés, engloutis
dans les terres vierges ouvertes aux calculateurs
le chiffre parle en sa voix rauque
Défi est lancé a travers les étendues...
ici était la chose, dite singularité
lorsque ici et quand n'existaient pas encore
ni encore d'ailleurs car le temps était à naître
tel n'est pas le bon mot pour l'inexistence
l'atemporalité attend son découvreur
Ce fut donc la rupture, brisures symétriques
dans un univers sombre qui tenait dans la main
règne de l'énergie, matière en gestation
des forces insoupçonnées empêchent le solide
rien n'est encore quand vient l'affrontement
l'univers se dévore, ivre d'existence
et sur ses cendres froides nous nommons: matière
liberté est alors donnée à la lumière
mesure inaltérable
entraînant l'intelligence par de la l'apparence
tromperie des sens par trop délimités
Réalité complexe en symboles abstraits
simplicité absente, ici est l'expérience
Confrontation muette de l'être et de l'étant
R. Raynal
Demain je serais seul
Demain je serais vieux
A entendre le temps qui craque sous mes pas
A regarder le vide sans espoir de retour
Les heures imperfectibles s'enfuiront dans la nuit
Demain il sera la assis sur quelque marche
Sans soleil et sans feu, cet amoureux du vide.
Dans un regard éteint l'ombre devient maîtresse
Alors Je remuerais mes lèvres dans le vide des jours
Alors je serais la, tueur de pages vierges
Immobile dans la nuit comme au plus fort des jours
Pour rêver un passé,ce qui aurait pu être
Pour pleurer solitaire sur les plus hautes marches
Les reflets,les yeux morts seront mes compagnons
Et des aurores viendront étendues à ma porte
J'enlacerais le vide par désir de présence
Alors je le saurais.
venu le temps des rides
Le matin me trouvera allongé sur le seuil
Partit une autre fois vers les rives de l'aube
Il est seul pour affronter le néant de la page
Pour le peupler de mots, de lieus et personnages
Pour mettre un peu de lui en des phrases fiévreuses
Pour écrire les pensées, loin de ses lèvres closes
Pour croire un instant que la souffrance est passagère
La page attend, fausse virginité
La page ordonne, vaine frivolité
Il est seul, face à la lumière
cherchant,t les mots pour l'émotion intacte
Pour donner part ses mains
Le rire, les larmes, l'aventure ou la mort.
Chaque signe sur la page est un peu de vie qui va
Vers d'autres mains, d'autres rives
Pour peupler de ses rêves des univers ignorés
Pour laisser ses mots pour aimer ou maudire
Extrait de ses tréfonds par quelque sortilège.
Il attend, dans l"ombre et la lumière
A l'abri de ses phrases, barrières contre la vie
Et il se dit artiste, art venu de solitude
Pour un peu de rire et beaucoup de souffrance,ce
Parce qu'il ne peut que donner sans jamais recevoir
Parce qu'au fond de son être se m^le dans le feu
Solitude et désirs
Il reste seul, face à sa lumière...
L'image n'est que reflet sur complexe oeil de verre
Esclave d'une main ignorant la lumière
Furtives caresses en rappel du métal
Attention portée vers des charmes fugaces
Vers les ombres et leurs pièges
Et l'éclat d'une étoile aux élans dangereux
Les sombres mécanismes font retentir leur chant
Mystérieuse melopée en frottements étranges
Tapis dans les courants au fond de la matière
En perceptions naissantes dans l'éveil des cristaux
En déferlement subtil sur des zones sensibles
Ou d'invisibles forces imposent leur présence
Sur de fragiles voiles à la minceur troublante
L'oeil est actif, en son prolongement
Arrachant à l'empire des temps des lambeaux immortels
Pour des minutes riantes à jamais répétées
Pour un pouvoir indécis sur l'empire des secondes
Prisonnières rapides d'une lumière complice
En un brouillard doré jouant sur les visages
En paillettes joyeuses suspendues en leur vol
L'obscurité retombe dans ses chambres amies
L'iris se referme en une muette attente
Vers le ciel intérieur des espérances
De celui qui déchiffre les chants de la lumière.
Il est des livres abstraits
Tout chargés de symboles
Renfermant en leur coeur l'annonce de la mort du temps
Telle est la découverte, dilution des certitudes
Ou la seconde faussement immuable a volé en éclats étranges
Les heures sont tordues pour les sens aiguisés
Ainsi la montre plie sous la loi lumineuse
Obéissance est donnée à l'invariance
Et le seigneur devient vassal, versatile et futile
Innombrables fils du temps qui dansent dans les chiffres
Ici est le temps propre, c'est celui du regard
Celui de l'être et de l'amant
Viendra la vitesse, la grande dévoreuse
Et nous ne verrons rien, faibles car trop humains
Des phénomènes cachés au fond de la matière
Ou s'est glissé le doute
Des orbes magnifiques et myriades célestes
Sinon dans les reflets arrachés aux écrans
Aux quartz et au métal de nos frères futurs.
Des visages indistincts surgissent du passé
Chargés de rides, porteurs d'une espérance par delà les années
A jamais engloutis dans l'abîme du temps
De nos yeux fatigués nous voulons voir les choses interdites
Qui s'abattent plus loin que la mémoire.
Des mains devenues griffes lacèrent nos pensées
Des regrets enlisés sur les rivages de nos réalités futures...
Alors un océan peut naître dans nos yeux
Roulant ses mornes vagues sur l'étendue des visages
Des corps inanimés dont la vie s'est enfuie
Ou de la beauté n'est plus que le douloureux souvenir
Avant la fin de l'être au moyen du néant...
Il est des mots qui ne seront pas dits
Des gestes indispensables oubliés dans la fuite du temps
Assassin indistinct tourmentant la matière
Bientôt cédera sous les assauts de l'homme
En une science nouvelle, digne fille de vie
Sommeille le secret et l'ancien, privilège
Des dieux oubliés, nectar et ambroisie
Ici est le message, dans l'au delà des tombes
Annonce faite à l'ailleurs de l'arrivée prochaine
D'un suprême défis aux forces chaotiques
Eternité...
Un rectangle de néant s'impose devant mes yeux
Masse inhospitalière de ténèbres
Ou le mouvement est ombre, et ombre le destin
Loin, le regard plonge dans la noirceur
Cherchant lentement le reflet de mon âme
Il n'est rien d'autre que l'image récréée par le verre
Qui semble dire oui aux questions de la nuit.
La mouvante noirceur s'élance sur mon être
Rien ne saurait atteindre cette brumeuse citadelle
Qui plonge dans la nuit comme océan furtif
Autour du néant existe la lumière
Mais que dit la frontière, indiscernable limite
Dont la présence terrible s'impose à mon esprit
Rien n'existe, hormis elle.
Mais l'image du chaos amplifie sa présence et résonne en moi comme l'écho d'un signal
Et cette nuit s'avance, vivante et compacte
Dévoreuse d'espaces...
Mais sa puissance blêmit sous l'assaut d'un regard
Et cette nuit explose en fragments dérisoires
Immobile à mon coté, tu viens de t'éveiller.
Un pâle soleil s'éveille par delà les dunes
Et un léger brouillard s'élève de la pierre
Rosé et changeant, l'horizon s'avance
Et le crissement des vents passe sur les solitudes...
Et tu t'éveille aussi, près de ton rêve fracassé
Et sur tes yeux ouverts des éclats couleur sang
Ne sont pourtant que les reflets de la plaine.
Ta main s'attarde sur ce sable étranger
Puis ton pas se fait lent, mesuré.
Ce monde te contemple par ses orbites mortes
Et tu marcheras dans tous les déserts rouges
Jusqu'aux glaces crantées, les gardiennes des pôles
Ou, fatigué, tu t'écroulera comme une dune mouvante
Les vents rouges sur toi souffleront
Et tu te lèvera pour la dernière fois
Jusqu'au temps où ton air s'enfuira
Alors viendra pour toi l'âge de la glace
Et, écroulé dans ces neiges, éternel, préservé
En te rient du temps qui ne peut te frapper
La face au ciel, tu regardera monter
A l'heure où les soleils s'endorment
Ton monde fascinant, ta simple étoile au ciel.
Les vagues ont murmuré leurs secrets à la plage
Sur un rivage différent au delà de nos yeux
Leurs voies vivantes à présent se sont tues
Effaçant à jamais le souvenir des eaux
En d'étranges sites voisins des profondeurs
S'étend la grande plaine à jamais ténébreuse
Festival de couleurs ignorées dans un monde assombri
Ce tourbillon liquide, enfant de la pression
Où se meuvent des formes telles un début de vie...
Il est d'autres abîmes pour la mort de la terre
En de lents mouvements faisant trembler les hommes
Sur ces sables inconnus mémoire d'une autre ère
S'inscrivent les mystérieuses volutes des choses innommées
Des êtres polymorphes, inconstants
Un regard du passé pour de lointains descendants
Par des yeux inutiles aujourd'hui condamnés
Souvenirs de la lumière
Des cieux liquides au dessus de nos têtes
Lente remontée vers l'éden quotidien
Royaume de la houle, chants de l'eau et du vent
Et une étoile jaune sise au dessus de nos têtes
L'oubli viendra, salvateur pour la crainte
Débarrassant les âmes des nostalgies hadales.
L'herbe n'est plus que souvenir
Sous un ciel différent, riche d'obscurité
Refoulant les étoiles en une nuit nouvelle.
La poussière, promesse de mort, crisse sous le pas
Mais il n'est nul regard s'envolant vers l'horizon
Ou au loin la pluie tombe
Et annonce un désert différent, une stérilité enfermée en son sein
Et qui descend de l'homme par le jeu des atomes
Qui un jour s'unirent ou se brisèrent
Dans un chant provoqué d'énergie et de mort..
Aux lointains l'océan des poisons vient faire mourir les cotes
En noire pestilence signant la fin des algues
Quelques pâles lumières sont encore dans les plaines
Au chevet des derniers, vains et pitoyables
Qui furent jadis maîtres de la matière.
Un vent se lève, en provenance des dunes
Vierges de pensées, sans plus de signifiance
Que la mer primitive des premiers jours du monde.
Sur ce sol fatigué une nouvelle vie prend forme
Peut être est-ce l'ultime
Mais une brusque rafale, dans la chaleur de l'étoile
Fait mourir ce signal misérable
D'une vie avortée sur une planète morte.
R.Raynal