ATTENTION:
LES DONNÉES MENTIONNES ET ANALYSÉES SUR CETTE PAGE
RESULTENT PRINCIPALEMENT DES INFORMATIONS TRANSMISES EN TEMPS REEL PAR
LA SONDE CASSINI. EN CONSÉQUENCE, CES DONNÉES SONT SUJETTES A PLUSIEURS
INTERPRETATIONS DIFFERENTES EN FONCTION DES GROUPES DE RECHERCHE, DES
TECHNIQUES UTILISEES, DES MODELES EMPLOYES ET DE L'AMELIORATION DES
CONNAISSANCES. JE DONNE LES INTERPRETATIONS PUBLIEES DANS LA
LITTERATURE SCIENTIFIQUE, MAIS SI LES GRANDES LIGNES SONT FIABLES ET
COHERENTES, BIEN DES POINTS SERONT CONFIRMES OU DEMENTIS DANS LE FUTUR.
Stay tuned!
|
En bleu, l'océan ammoniaqué enfouit dans les profondeurs de Titan. L'impacteur possède un diamètre de 10 km (en haut) et 100 km (attention au changement d'échelle entre les vues). Le calcul a été réalisé sur la moitié droite des figures, l'autre étant obtenue par symétrie. Chaque carré correspond à 25 unités distinctes dont le comportement a été calculé. |
Ci
contre: simulation numérique de deux impacts
à la surface de Titan, réalisée par
l'équipe de Jonathan I. Lunine (2005 - avec l'aimable
autorisation des auteurs).
Ci contre: Survol du 22 aout 2005, région à l'est de "Xanadu". Photo JPL. |
Ce grand cratère possède plusieurs arènes concentriques, mais seul son W est bien visible. Bien que l'ensemble ait été érodé, le fond du cratère a été envahit probablement par les matériaux mous profonds, ce qui semble confirmé par l'absence de blocs éjectés tout autour du cratère (sans parler de la fonte instantanée des fragments de la croute de glace chauffée par l'impact). On peut aussi remarquer l'existence d'un réseau de drainage (en bas à gauche) assez développé, ainsi que des formations sombres "en griffes de chats" grossièrement orientées vers le centre du cratère. D'après le géologue C.
Laroubine, spécialiste des
impacts météoritiques, l'état de conservation de
ce cratère indiquerait un âge inférieur à 50
millions d'années. La limite des ejectas, assez nette,
indiquerait un simple fluage, un déplacement des
matérieux vers l'estérieur du cratère sans
phénomène de type explosif (comme si l'impact
s'était bien réalisé dans un matériau mou).
Dans la partie centrale du cratère, on distingue des formations
qui ressemblent à des dunes que le vent étire en
croissants, les barkanes (animation
sur leur formation).
Le survol du 13 Janvier 2007 a permis d'identifier (par 9°W et 26,5°N) la région N d'un cratère d'impact de près de 180 km de diamètre. Les éjectas sont constitués d'un matériau brillant (au radar!) surplombant les plaines avoisinantes. Ces
éjectas ont un aspect granuleux, on peut y voir des traces
d'écoulements montrant qu'ils ont subis une érosion non
négligeable. L'arène du cratére est
très sombre, sans doute recouvertes par des dépots plus
ou moins fluides qui en cachent le plancher (où
qui sont remontés depuis l'intérieur du satellite lorsque
la surface de ce dernier a été fracturée par
l'impact). Le nombre de cratères retrouvés ainsi
que leur état de conservation est une information importante
permettant de déterminer un ordre de grandeur pour l'age de la
surface de Titan ainsi que pour son atmosphère. |
Ci contre: vue Radar du cratère
circus maximus (440 km de diamètre), découvert lors du
troisième survol de Titan par Cassini.
|
On
observe des structures alignées E-W pouvant correspondre soit
à des formations d'origine éolienne, soit à des
altérations du sol (fractures, écaillage, impacts ?) Les
alignements semblent interrompus par des terrains plus brillants, et
leur forme en arc de cercle, au N (c'est à dire en bas!)
pourrait indiquer que les terrains blancs centraux ont recouverts les
alignements à l'occasion d'un impact.
Commentaire personnel: En retravaillant cette vue, il est possible de supposer que l'impact d'origine ai frappé la surface tangentiellement (formes elliptique, en violet), formant un cratère de 200 km de diamètre, permettant à des matériaux profonds plus clairs de s'épancher à la surface selon les directions matérialisées par les flèches rouges. Ces matériaux clairs ont été ensuite frappés par d'autres impacts (cercles rouges) creusant des cratères de 20 à 30 km de diamètre dont l'un,arborant une triple arène, témoigne de la fluidité des matériaux clairs mis au jours lors du premier impact (le faible relief de Titan plaide d'ailleur en faveur d'une couche liquide profonde, comme sur Europe). Des épanchements plus limité de fluides clairs se sont aussi produits à partir du grand cratère (souligné en rouge, flèche bleue, sur 80 km environ) alors que ces terrains subissaient des fractures et une érosion (réseau de drainage (?) en bleu, couvrant 130 km). Il est possible que le centre du cratère ait subit un effondrement (comme lors de la formation d'une caldeira) car un réseau de fractures et/ou d'écoulements (en bleu et orange) semble creuser le sol sur 200 km de long et 80 de large. Le S de cet effondrement semble avoir emporté la moité de l'arène d'un cratère relié à un autre, plus petit, par un chenal (en rouge). |
Image
radar de terrains
situés dans le coin NE de la région brillante Xanadu. Cette image couvre une zone de 300 x 900 km environ |
Le
cratère et
les terrains qui l'entoure sont très brillants. Il a
été formé par un impact avec un corps
cométe ou astéroïde) d'un diamètre voisin de
8 km.
Tout
autour de l'arène, particulièrement bien conservée
(donc "jeune" géologiquement parlant) se disposent, de
façon assymlétrique, les matériaux brillants
éjectés lors de l'impact.
L'assymétrie
peut être causée par l'impact lui
même mais aussi par l'action des vents (importants dans cette
région si les formations visible au NE sont bien des dunes)L'absence de pic central peut être due à l'érosion où à la consistance du sol. |
Image RADAR (18/02/2005) d'un cratère de 60 km de diamètre |
On distingue 3 types
de reliefs différents dans cette région:
- des "griffures de chat" (cat scratches) qui sont probablement des champs de dunes de glace ou de particules riches en matière carbonée (où d'un mélange des deux). Il est possible que ces dunes ait été formées par l'action du vent sur des étendues liquides qui ont rapidement gelé. - des régions claires, probablement d'altitude légèrement plus élevée que les plaines sombres, au relief tourmenté. - Des chenaux sombres (au centre, vers le N), creusés par des écoulement fluides et, peut être, constituent le lit de rivières actuelles charriant un mélange pâteux de particules de glaces mélées à une boue organique (c'est à dire carbonée !). |
Image
RADAR à synthèse d'ouverture (28/10/2005). Région à la géologie variée. 300 x 250 Km. 10° S, 292 ° W |
La vue RADAR ci contre couvre une région de 300 x 700 km environ. Les régions sombres en ilmages radar sont lisses, ou absorbent particulièrement les ondes. L'origine
des reliefs observés est difficile à
établir. Les terrrains sombres ne sont pas des mers, mais pas
non plus, apparemment, des plaines solides. Leur consistance pourrait
se rapprocher de celle des tourbières terrestres. Autour des
zones brillantes, des rides montrent bien des marques
d'écoulements fluides, peut être liés à un
cryovolcanisme récent, avec émission de mélanges
d'eau et d'ammoniac.
D'autres
structures pourraient être reliés à
des écoulements transitoires causés par des pluies. Peut
être même que ce terme de pluie serait à revoir, la
réalité se rapprochant peut être plus, selon moi,
des brouillards épais qui peuvent se former en bord de mer, sur
Terre.
|
|
La vue ci contre résulte du compositage de plusieurs clichés par le JPL (prise en proche IR) lors du survol du 30 Mars On y remarque un terrain identifié depuis la Terre sous le nom de "H penché" , et les côtes extrémement découpées des terrains clairs environnants, laissant suspecter un drainage massif et relativement ancien. Plusieurs marques de cratères d'impact sont visibles, certains montrant un fond brillant alors que d'autres sont emplis de matériau sombre. |
|
J'ai agrandit et surlignée une formation allongée qui ressemble fort à une longue vallée de type vallis marineris. | |
Le survol du 7/09 a permis de revenir
sur une région
observée précédemment à plus faible
résolution, située à 55° S et 7,5 ° W et
mesurant environ 300 x 220 Km. Cette vue RADAR,
prise à 2000 km d'altitude, montre l'existence d'un
réseau dense de canaux, de canyons clairs entaillant la surface
du satellite. Ces vallées mesurent environ 1 km de large pour
200 m de profondeur, et s'étendent sur plusieurs centaines de km.
Leur allure sinueuse et la
présence d'angles vifs laisse penser
qu'ils suivent plus ou moins des lignes de failles dans la croute de
Titan.Ces vallées
différent nettement de celles mises en évidence par
Huygens ainsi que dans d'autres régions de Titan: on n'a pas ici
de réseau de drainage établit à la suite de
précipitations, car aucun affluent n'est visible. Ces canyons on
du être creusés par un courant de fluide parcourant de
grandes distances.
Remarques
personelles: on peut
remarquer, en particulier pour le long canyon s'étendant, au S,
sur toute l'image, la présence de plusieurs bifurcations
semi-circulaires, comme si le flot avait érodé d'anciens
cratères tout en suivant le relief de leur paroi.
Le contraste variable des canyons
pourrait aussi montrer que ces derniers sont, de temps à autre,
comblés par du matériel plus sombre.Serait il possible que les hydrocarbures de Titan prennent l'aspect d'une pâte dont la fluidité peut varier drastiquement pour de faibles changement des conditions physiques ? Cela permettrait d'expliquer ces dépôts qui semblent brutalement avoir été figés. |
|
RADAR à synthèse d'ouverture - 28/10/2005 - 200 x 140 Km - 13°S, 300°W Le survol du 22 /02/2007 a permis de découvrir de nouvelles dunes, toujours dans les régions équatoriales (3,5°S, 37,3 W). Elles sont probablement formées par les vents orientés W --> E. Leur longueur et leur forme indique qu'elles se sont formées dans le sens du vent, contrairement à la majorité des dunes terrestres. On les retrouve encore associées à des terrains clairs qui tantot les recoupent et tantot sont recouverts, au moins partiellement, par les dunes formés de matériaux possédant la taille de grains de sable (autour de 250 microns). Section CHARM (Cassini Huygens Analysis and Result from the Mission): Les dunes de Titan Présentation comprenant de nombreuses vues comparées des strcutures de Titan avec des déserts terrestres. |
Les dunes couvrent de
vastes surfaces dans les régions connues de Titan.
On les retrouve autour de terrains brillants, qu'elles encerclent. Elle sont interrompues par ces formations, ce qui suggère que ces dernières sont plus élevées. Ces dunes sont espacées d'1 à 2 km, et leur orientation laisse penser qu'elles ont été formées par des vents soufflant d'Ouest en Est. La tache blanche centrale droite montre, sur son flanc E, une structure "en oignon", comme des rides concentriques autour d'un point d'impact dans une surface liquide. Est il possible que le sol fluide de Titan puisse conserver ainsi l'empreinte d'impacts passés dans des lacs transitoires et aussitot gelés ? Ou bien le sol est il recouvert d'une couche pulvérulente si fine qu'elle se comporte comme un liquide ?
Ces dunes pourraient être constituées de grains de glace
d'eau (érodées des flancs des collines et montagnes
environnantes lors d'époques où des liquides existaient)
humectés d'hydrocarbures liquides (ce qui expliquerai leur albédo uniformément sombre - Coustenis & al. 2005). En effet, les tholins et les aérosols auraient une signature spectrale plus reconnaissable.
|
En a, les traces de trois impacts
apparaissent, dessinant des cratères plus ou moins
érodés mesurant de 30 à 50 km de diamètre.
Deux autres impacts, très érodés, sont
discernables sur le coté E de la tache claire située
à gauche et au centre de la vue. Les remparts, complets ou
fragmentaires, de ces différents cratères sont fait de
matériaux clairs (glace?) alors que leur arène a
été envahie de "fluide" plus sombre. Cela indiquerait que
le "fluide" sombre est de faible épaisseur, puisque si il
était déjà présent lors des impacts, ces
derniers l'ont creusé et ont formé les remparts avec des
matériaux clairs sous jacents. L'aspect des cratères de
plus grand diamètre, comme circus maximus,
pénétrant jusqu'aux couches liquides de Titan, est
différent.
En b, les terrains clairs ont subi de
nettes déformations causées par un courant orienté
W --> E. Le vent est sans doute à l'origine de ces figures,
mais on ne peut exclure la possibilité d'un écoulement de
liquide pendant une longue période. Huygens s'est posé
dans une région située en haut à gauche de cette
vue.
En c, la région claire est parcourue de plusieurs chenaux sombres montrant des ramifications. Ces vallées "fluviales" ont une longueur de quelques dizaines de km pour une largeur de 2 km. En d, plusieurs alignements sombres
ressemblent à des failles dans lesquelles se serait produite une
sédimentation, d'origine éolienne ou liquide.
En e, les fléches
indiquent des reliefs qui ressemblent à des écoulements
provoqués par l'émergence de sources souterraines, tels
qu'ils ont été observés sur notre planète
ainsi que sur Mars.
En f, les régions claires semblent avoir subie plusieurs fractures et leur relation exacte avec les matériaux sombres n'est pas évidente (hypothèse personelle: serait il possible que ces régions puissent lentement dériver sur un sous sol plus fluide ? ) |
Les 6
vues suivantes
ont été acquises lors des survols d'octobre et
décembre 2004. Elles ont une échelle différente,
et chaque barre blanche est un repère correspondant à 200
km sur le terrain. Le N est en haut |
Le cratère A (45 km) ne possède plus de paroi W, et son arène est envahie de matériaux sombre. La marque de ces
écoulements W-->E se retrouve à grande échelle
dans toute l'étendue des terrains sombre découverts.
Le cratère
C(66 km) est plus érodé, ses parois étant
fragmentaires, tout comme celles des cratères H (43 km) et E (97
Km), ce dernier étant difficilement visible et probablement plus
ancien que les autres.
Le cratère D
(23 km) ne montre plus que sa partie W , le reste ayant
été soit érodé, soit recouvert par les
matériaux sombre. Le terrain clair où il est en parti
situé montre des marques d'érosion, avec présence
de chenaux indiquant un âge relativement élevé. On
pourrait croire que les terrains gris sombre situés à l'E
ne sont que la continuation des terrains plus clairs, recouverts d'un
"sable" ou de boue transparente aux ondes RADAR. Il pourrait aussi
s'agir de dépôts sédimentaires mais leur forme ne
le confirme pas.
Le cratère (?)
F (30 km) est le seul a montrer une arène brillante, alors que
ses parois ne sont pas visibles. Sa faible érosion pourrait
indiquer une formation plus récente que celle des autres
cratères, comme par exemple G (24 km), aux parois fragmentaires.
|
Cet agrandissement d'une des vues précédent permet de mieux étudier cette région oùl'on détecte les traces de 8 cratères de 25 à 100 km de diamètre. |
Les zones brillantes
et incurvées sont des reliefs dominant les champs de dunes
sombres alentours, dont certaines s'étendent sur plus de 100 Km.
Ces collines se sont
formées suite aux déformations subies par la croute de
Titan. Les cuvettes sont comblées par le matériau dont
sont constituées les dunes, qui enserrent les collines.
La vue HR (une partie
ci dessous, S en haut) montre mieux, au sommet des "collines",
l'existence d'une ligne de crête plus sombre et sinueuse, qui
pourrait correspondre à un dépot de matériaux
carboné.
|
RADAR
à synthèse d'ouverture 28 octobre 2005 400 x 275 Km 8°S, 215 ° W |
Trois escarpements parallèles sont visibles sur ce cliché RADAR et s'étendent sur quelques dizaines de Km. Leur alignement a peu de chance d'être fortuit et laisse penser que ces "marches d'escalier", de quelques centaines de m de haut, sont liées à des mouvements tectoniques locaux: soit la région a subi une compression N-S, soit une extension selon le même axe. La croute de Titan, spécialement dans les régions équatoriales, est donc soumise à des forces orientées N-S (des structures voisines ayant déjà été observées dans la région ouest Shangri-La en octobre 2005. Les deux schémas (origine wikipedia - licence GNFL) ci-dessous montrent comment les escarpements se sont formés, soit par compression de cette région (faille dite inverse) soit par étirement de la croûte du satellite. | 12 mai 2008, 2°S, 127°W (région de xanadu), résolution 300 m. N en haut. Image HR |
Ces
images ont été acquises le 2 juillet 2004 alors que
Cassini passait à 340000 km de Titan. Elles mettent en évidence plusieurs reliefs ayant pour origine: - un drainage par un
liquide, creusant des vallées (2 premières images).
- des
cassures de la surface (images 3 et 4) qui peuvent s'interpréter
comme
étant des failles, résultant d'une activité
tectonique. Cette activité implique la formation d'un fluide
chaud, soit un magma rocheux ancien (ou dont la formation est
entretrenue par malaxage gravitationnel, comme Io); soit un
mélange aqueux surgissant périodiquement à la
surface à l'occasion d'éruptions "hydrovolcaniques", ce
qui implique également l'existence de "points chauds" à
l'intérieur du satellite.
L'image
n°3
montre un relief de 1500 km environ, qui me ferait plutot penser
à une
vallée creusée par un écoulement de liquide dans
des terrains
précédemment cratérisés, puis
secondairement comblée, partiellement,
par des matériaux plus clairs laissant voir, en transparence, le
fond
noir de la vallée primitive.
La dernière vue, de mauvaise qualité, montre un cratère d'impact. |
|
' D'après C.
Laroubine, géologue, le relief en forme de haricot ci dessous
serait en fait une gigantesque caldeira (partie effondrée au
sommet d'un volcan) environnée d'un cone de scories
récentes.
La vue ci dessus en haute résolution Une image comparable
peut être observée, sur Terre, au niveau du glacier
Vatnojökull, en l'Islande. (faite une recherche chez spotimage)
D'autres interprétations de ces images sont possibles. Ainsi, comme le souligne aussi Pascal P, geomorphologue, il pourrait s'agir d'un lac d'hydrocarbure occupant l'emplacement d'une ancienne caldeira. C'est également mon avis. Vivement le 7 Septembre, où un survol à 1000 km des régions où ces reliefs ont été identifié permettra d'obtenir de meilleures images. note du 24/09: les données ne sont pas encore disponibles 3 semaines après le survol. Les régions polaires Nord: enfin des lacs !
Les
images RADAR obtenues à l'occasion du survol des hautes
latitudes de Titan le 22 Juillet ont révélé
l'existence d'objets particulièrements sombres, donc lisses, qui
sont interprétés comme étant des lacs
d'hydrocarbures (méthane et éthane).
C'est la première fois que des étendues liquides sont observées en dehors de notre planète. Plusieurs dizaines de ces lacs ont été observés, leur dimension allant de 1 à 100 Km de longueur pour le plus étendu, partiellement asséché et laissant observer son "rivage". Vues RADAR ci dessus, obtenues le 22 Juillet - JPL
Ces lacs sont alimenté par tout un réseau "hydrographique" composé de plusieurs vallées et chenaux nettement visible, certains étant apparemment encore remplis de liquide: les premières rivières de Titan ! La
présence de ces lacs contribue à expliquer l'alimentation
permanente de l'atmosphère de Titan en méthane. Leur
étendue et leur role éventuel devraient cependant
beaucoupo varier selon les saisons de Titan: plusieurs marques
insiquent que leur extension est variable dans le temps.
Le pôle N de Titan sera de nouveau survolé en Octobre. D'ici là, Cassini pourra vérifier par des balayages RADAR efectués sous d'autres angles que les taches noires observées sont bel et bien lisses, ce qui confirmera leur nature liquide. Vues détaillées des lacs Le survol du 23 Septembre 2006 a permis de confirmer l'existence de lacs d'éthane et méthane, comme le montre la vue ci dessous (JPL - 60x40 km - vue HR) Ces 2 lacs sont situés à 73°N, et sont reliés par un canal, et celui de droite, apparemment, serait en train de s'évaporer avec l'arrivée du printemps de Titan N (on distingue vers le haut un bras moins foncé, peut être une marque d'asséchement ?). |
La vue ci contre
montre le pôle S dans son entier. Les structures brillantes sont
des nuages (d'azote liquide?).
Le pôle semble
situé au niveau d'une région surélevée par
rapport aux
terrains plus sombres alentours. L'ensemble montre des traces de
nombreux impacts, signalant ainsi que l'érosion doit être
bien moindre
dans ces régions que sur le reste du satellite.
Les vallées
partant toutes du pôle, elles indiquent une fonte
saisonnière, un écoulement prenant sa source dans les
régions
recouvertes de nuages. Cet écoulement est peut être bien
de nature liquide, comme le montre la vue suivante, datée du 6
Juin 2005:
Lors des prochains survol, l'équipe du JPL essayera de rechercher des réflexions montrant que l'on est bien en présence d'une étendue liquide. Le géologue C. Laroubine, spécialiste des impacts météoritiques, pense plutot que ce "lac" est une structure volcanique : " Autour du "haricot", on voit ce qui semble être un cône (scories) d'aspect peu érodé, donc récent. Celui-ci surmonte une plaine grise (mais ce peut être le cône, il serait alors gigantesque) comportant elle même deux ou trois structures sub circulaires de couleur noirâtre (bouches de volcans ?). Alentours de ces bouches des épanchements noirâtres ressemblant fort à des coulées volcaniques et montrant des structures radiculaires. Au NE du haricot un petit volcan avec un sommet blanc et de grand épanchements sombres en direction du NE. Un sorte de panache blanchâtre étroit de direction ESE fait penser à un nuage de fumée repoussé par un vent venant du WNW. Ce pourrait être aussi une ligne de crête. Les points blancs les plus importants paraissent être des sommets (volcans éteints) recouverts de glace, ou de neige ou entourés de nuages. Le fait de ne pas avoir de neige autour du haricot militerait pour un relief très récent, voire en activité, sol chaud.. La plaine qui est à gauche de la photo paraît correspondre au relief habituel de Titan avec des formes de réseaux "hydrographiques". Dans la partie supérieure de la photo on devinent des cratères d'impact météoritiques avec zones d'éjectas claires. Près du pôle à droite on aperçoit ce qui pourrait être la limite d'un inlandsis avec des dépôts morainiques périphériques. " Le 3 Janvier 2007, Un article de Nature (*) décrit les lacs identifiés lors du survol du 22 juillet 2006. De nouvelles vues en fausse couleurs (région polaire N - latitude 80°) apportent de nouvelles informations: - La surface des 75 lacs identifiés est lisse, très probablement liquide (des poussières ou des flocons présenteraient des rides) - leurs dimensions vont de 3 à 70 km de large, certains lacs sont alimentés par des réseaux "hydrographiques" - Quelques lacs sont asséchés, d'autres présentent des rives laissant penser qu'ils n'ont jamais été complétement remplis. 15 lacs ressemblent à ceux qui se sont formés, sur Terre, dans des bassins d'impacts ou des caldeiras. L'origine volcanique des depressions qu'ils occupent est privilégiée par l'équipe de chercheurs. Quelques lacs ont l'aspect de vallées inondées. - Quelques points brillants dans les lacs correspondraient à des îles, car les chercheurs ne voient pas ce qui pourrait flotter sur un hydrocarbure. La présence de ces lacs dans l'hémisphère N de Titan laisse penser qu'il existe un cycle saisonnier, les lacs de l'hemisphère en "été" s'évaporant pour retomber en pluie dans l'autre hémisphère, ou se forment alors de nouveaux réseaux "méthanographiques". Il est aussi possble que les lacs se remplissent par en dessous, communiquant avec des nappes profondes et plus étendues d'hydrocarbures. L'image en HR. * The lakes of Titan - E. R. Stofan, C. Elachi, J. I. Lunine, R. D. Lorenz, B. Stiles, K. L. Mitchell, S. Ostro, L. Soderblom, C. Wood, H. Zebker, S. Wall, M. Janssen, R. Kirk, R. Lopes, F. Paganelli, J. Radebaugh, L. Wye, Y. Anderson, M. Allison, R. Boehmer, P. Callahan, P. Encrenaz, E. Flamini, G. Francescetti, Y. Gim, G. Hamilton, S. Hensley, W. T. K. Johnson, K. Kelleher, D. Muhleman, P. Paillou, G. Picardi, F. Posa, L. Roth, R. Seu, S. Shaffer, S. Vetrella et R. West - ouf, cela devient difficile de citer ces équipes pléthoriques!) - Nature vol. 445, N° 7123 - 3/01/2007 - 61 - 65 |
Régions polaires S: des lacs l'été. Après plusieurs semaines sans nouvelles de Titan, de nouveaux résultats confortent l'existence probable de lacs d'hydrocarbures non seulement dans les région polaires N, où ils recouvrent 14 % de la surface cartographiée (60% du total au dessus de 60°N) mais aussi au niveau du pôle S. Actuellement, le pôle N de Titan est plongé dans hiver qui durera 7,5 années terrestres, et des chercheurs supposent que cette saison s'accompagne de pluies d'éthane et de méthane remplissant les lacs et les mers (ou élevant transitoirement leur niveau) et creusant un réseau «hydrographique» déjà évident sur les différentes vues. On peut noter que c'est la première fois que la NASA annonce que ces lacs polaires pourraient aussi contenir de l'azote liquide (comme je l'avais déjà supposé dès leur découverte, ici même...) Le survol du 2 Octobre réalisé au dessus du pôle S (où c'est l'été) a permis d'y identifier trois formations ressemblant à des lacs, mais de taille inférieure à ceux du N, au alentour de 70° de latitude S. |
Le survol du 30 Avril 2006 a permis de cartographie en RADAR le
"continent" Xanadu. La NASA a réalisé un fim à ce sujet, accessible
ici, dont j'ai tiré les images suivantes, montrant des cratéres
d'impacts, des dépots éoliens (dunes, "congères"...), des reseaux
méthanographiques et des reliefs liés au cryovolcanisme. Ci contre, la région cartographiée (cliquez sur l'image pour voir le film entier) |
|
Ici on a grisé les terrains bas, peut être d'anciens océans d'hydrocarbures ? | Le reseau de drainage |
Des reliefs montagneux | Des terrains bas ressemblant à des lacs |
Un cryovolcan ou un cratère d'impact | De l'autre coté de Xanadu ... (Rosebud ?) |
Les monts de Titan Le survol du 25 Octobre 2006 a permis d'obtenir des vues à haute résolution de la surface, dans l'IR (à 1,3; 2 et 5 microns de longueur d'onde). Les plus peitits détails visibles sont de l'ordre de 400 m. Les images montrent un massif montagneux situé au S de l'équateur, de 150 km de long sur 30 de large. Ces montagnes sont constituées d'un conglomérat de glaces, roches et matériaux organiques. Elle sont suffisemment élevées pour arréter des nuages au niveau de leurs sommets, recouverts par ailleurs d'un matériau brillant qui pourrait être de la "neige" de méthane. Un tel "givre" de méthane pourrait expliquer également la surbrillance des reliefs de Titan, et expliquerai peut être le contraste entre les pluies nécéssaires pour "délaver" les 2/3 de la surface du satellite et la rareté des étebndues liquides sur Titan (à moins de supposer l'existence de variations saisonnières très marquées). Vue HR ici. Ces dépots d'altitude peuvent tirer leur origine de pluies, de poussières ou de brouillards organiques. La forme "en rides" de ces montagnes rappelle les dorsales terrestres, ce qui laissent penser qu'il existerait (ou aurait existé) une tectonique des plaques active sur Titan. En combinant les vues IR avec les données RADAR, il apparait plus clairement la présence d'un dépot qui ressemble à une coulée volcanique, identifie au cours des survols précédents (ici). |
Les montagnes de Titan... ou des dorsales ? |