Les comètes, porteuses
de vie ?
Ci-contre : le noyau de la comète Wild 2 photographié par la sonde Stardust
Pour préciser la composition et le rôle éventuel des comètes, la mission Deep impact a consisté à creuser la surface de la comète Tempel 1 au moyen de l'explosion d'une minisonde kamikaze, exposant les couches internes de la comète analysées par la sonde principale.
Credit: NASA/JPL/UMD
Début 2006, la sonde Stardust a ramené sur Terre des échantillons de poussière cométaire pour analyse au moyen des puissants appareils disponibles dans les laboratoires "au sol". Le 17 Aout 2009, le Dr. Jamie Elsila du NASA's Goddard Space Flight Center annonce la découverte dans l'aérogel ramené par Stardust de molécules de glycine, le plus simple des acides aminé. Cette molécule est donc actuellement présence sur la comète Wild 2, d'où revient Stardust. Cette découverte confirme "in situ" la présence de molécules organiques dans les noyaux cométaires, et donc leur synthèse dès le début de l'histoire du système solaire.
Molécules cométaires que l'on observe provenant des glaces du noyau.
molécule | Formule |
abondance relative
(nombre demolécules pour 100 d'eau) |
technique
d'observation |
eau
monoxyde de carbone dioxyde de carbone méthane acétylène éthane méthanol formaldéhyde éthylène glycol acide formique éthanal formiate de méthyle ammoniac cyanure d'hydrogène isocyanure d'hydrogène cyanure de méthyle cyanoacéthylène acide isocyanique formamide sulfure d'hydrogène monoxyde de soufre dioxyde de soufre oxysulfure de carbone disulfure de carbone thioformaldéhyde disoufre |
H2O
CO CO2 CH4 C2H2 C2H6 CH3OH H2CO HOCH2CH2OH HCOOH CH3CHO HCOOCH3 NH3 HCN HNC CH3CN HC3N HNCO NH2CHO H2S SO SO2 OCS CS2 H2CS S2 |
100
23 6 0,6 0,1 0,3 2,4 1,1 0,25 0,09 0,02 0,08 0,7 0,25 0,04 0,02 0,02 0,1 0,015 1,5 0,3 0,2 0,4 0,2 0,02 0,05 |
IR,radio
radio, IR, UV IR IR IR IR radio, IR radio radio radio radio radio radio radio, IR radio, IR radio radio radio radio radio radio radio radio, IR UV, radio radio UV |
Dès 2001, l'analyse détaillée en HPLC d'échantillons prélevés en profondeur dans la météorite d' Orgueil (Ehrenfreund & al., 2001) laisse penser que cette dernière est d'origine cométaire, tout comme la météorite Ivuna.
Plusieurs équipes de chercheurs considèrent que les quelques traces d’acides aminés (alanine, glycine, acide n-amino butyrique, entre 600 et 2000 parties par milliards!) détectés dans ces échantillons cométaires correspondent au petit nombre de molécules requises pour démarrer les réactions prébiotiques aboutissant aux protéines. L’analyse isotopique confirme que les acides aminés détectés ne sont pas d’origine terrestre: la synthèse d’acides aminés est donc bien possible “ à froid” au niveau des noyaux cométaires (J. Bada), et a pu être réalisée dès l’origine du système solaire, probablement à partir des molécules de cyanide d’hydrogène identifiées sur les comètes Hale-Bopp et Hyakutake.
Dès lors, les chercheurs constatent l’existence de deux types bien différents de météorites comportant des acides aminés: le groupe Murchison/Murray (d’origine astéroïde) contenant une grande variété d’acides aminés différents, et le groupe Orgueil / Ivuna (d’origine cométaire) ne contenant que quelques AA.
Il se confirme donc que la Terre ait reçu dès son origine des molécules prébiotiques en provenance de météorite provenant d’astéroïdes, mais aussi de noyaux cométaires (lesquels, de plus, ont également constitué une source d’eau)
Pascale Ehrenfreund, Daniel P. Glavin, Oliver Botta, George Cooper, Jeffrey L. Bada. Special Feature: Extraterrestrial amino acids in Orgueil and Ivuna: Tracing the parent body of CI type carbonaceous chondrites PNAS 2001 98: 2138-2141