Existe t'il d'autres
planètes sur lesquelles la vie a pu apparaître ?
Dernière mise à jour: 29/6/2010
Des planètes par centaines
D'autres systèmes "solaire"
Une "Terre" nouvelle ?
Les zones d'habitabilité, un concept anthropocentrique ?
Les autres systèmes planétaires sont ils stables ?
Dans notre propre système solaire: les extraterrestres sont ils nos proches voisins ?
Mars, un sérieux candidat pour une vie passée
L'apport des missions récentes: Les Mars Rover & Mars Express
Les planètes Joviennes:
- Leurs atmosphères
- Leurs satellites
- Europe, un océan peuplé de vers géants ?
- Titan, un monde en devenir...
- Encelade, le feu sous la glace
Les comètes, porteuses de vie ?
Des planètes par centaines
L'existence de systèmes planétaires différents du nôtre ne fait plus aucun doute. 21 systèmes multiplanétaires ont été identifiés au 1/02/2007, et 429 exoplanètes ont été détectées à ce jour (et pas un mois ne s'écoule sans de nouveaux candidats).
L'observation de 800 étoiles proches du Soleil nous montre qu'au minimum 5% des étoiles sont accompagnées de planètes. (Doyle L, 2001). Ajoutons que d'après les travaux d'astronomes britanniques de l'Open University, notre seule galaxie contiendrait environ un milliard de planètes similaires (composition, masse, distance à l'étoile...) à la Terre (Jones & al., 2001).
Notez que pour le moment les techniques d'observation basées sur le déplacement du centre de masse du système planète-étoile ne permettent de détecter que de grosses planètes, celles qui ressemblent à Jupiter, suffisamment proche de leur étoile pour provoquer d'importantes perturbations gravitationnelles.
Progressivement, l'amélioration des techniques permettra la détection de planètes plus petites. Ainsi, J.Heidmann a proposé d'utiliser le soleil comme une lentille gravitationnelle: en plaçant un détecteur au "foyer" de cette lentille, nous pourrions observer des détails sur des planètes situées à une centaine d'années lumières... mais pour cela il est nécessaire d'envoyer le récepteur à 550 UA du soleil, 20 fois + loin que la Planète Neptune... Nos techniques ne permettent donc pour le moment que de détecter des planètes massives proches de leur étoile (Au mieux, pour l'étoile la plus proche de la Terre, les télescopes du VLT ne permettraient que de détecter des planètes d'une masse voisine de 5 masses terrestres - Endl & al., 2002.)
Cependant, en observant à la limite de détectabilité des instruments l'affaiblissement de la lumière d'une étoile d'un système double lorsqu’'une planète passe régulièrement devant elle, l'équipe de L.R. Doyle à annoncé en mai 2000 la découverte d'une planète de type terrestre, d'un diamètre double ou triple de celui de la Terre et tournant autour de ses étoiles en 21 ou 26 jours (celles-ci étant très petites, cette distance rendrait peut être ces planètes habitables...).
Une étude réalisée au moyen du télescope Spitzer par 14 (!) astronomes du Caltech portant sur 300 étoiles de type solaire dont le rayonnement infrarouge a été analysé finement (Meyer & al., 2008). La majorité des étoiles étudiées possèdent un disque d'accrétion trahissant l'existence ou la formation d'un système planétaire. Le rayonnement de ces disques implique la présence de poussière ou de corps solides à une température comprise entre 100 et 300 K, ce qui correspond, dans notre système solaire, à des emplacements allant de la Terre à Saturne. Les 4 chercheurs de l'équipe ont établi qu'un minimum de 10 % des étoiles étudiées doivent être accompagnées de planètes telluriques, le chiffre le plus probable étant que 62 % des étoiles étudiées possèdent la matière nécessaire à la formation de planètes de type terrestre, où de l'eau pourrait demeurer à l'état liquide.
ON LINE
Carte 3D des exoplanètes connues
Liste mise à jour régulièrement, avec cartes et données astrophysiques (en anglais)
ENCYCLOPEDIE DES EXOPLANETES ( français - anglais- espagnol)
Ci-dessus : en b, la première image d'une exoplanète ? (entre 1 et 40 fois fois la taille de Jupiter...)
orbitant en 1200 ans autour de l'étoile T Taurii CQ Lupi, observée au VLT par l'équipe dont les noms sont mentionnés
(souhaitons que ce type de présentation de cliché se généralise, il est très pratique à utiliser dans les sites perso et respectueux des auteurs). 6 mois auparavant, une équipe de l'ESO avait aussi publié une image d'une exoplanète.
D'autres systèmes planétaires: des planètes par centaines
Deux équipes différentes (G. Marcy & P. Butler ainsi que R. Noyes et al.) ont annoncé la découverte d'un système planétaire comportant 3 planètes joviennes autour de l'étoile Upsilon d'andromède. C'est la première fois que plusieurs planètes sont identifiées autour d'une étoile. Upsilon d'andromède se situe à 44 A.L. de nous et est 33 % plus massive que le soleil. Ces planètes ont été détectées par l'analyse des oscillations qu'elles induisent sur la position d'upsilon AND.
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masse(en M jovienne) |
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distanced'Upsilon AND |
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duréede l'orbite("année") |
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Depuis, 20 autres systèmes planétaires ont pu être mis en évidence, dont un est situé à 46 A.L. de notre étoile et comprenant au minimum deux planètes joviennes orbitant autour de l'étoile 55 Cancri. Une de ces planètes orbite à 0,1 UA de son étoile, l'autre à 5,2 UA , bouclant son orbite en 13 années terrestres. La probabilité est forte de retrouver autour de cette étoile, du même âge que le soleil, des planètes telluriques pour l'instant indétectables.
Le 7 Novembre 2007, la NASA annonce la découverte, autour de l'étoile 55 Cancri, par une équipe d'astronomes menée par D Fischer, de l'université d'état de San Francisco (article à paraitre dans astrophysical journal) d'un système planétaire comportant 5 planètes joviennes dont l'une est située dans ce que les astronomes appellent la "zone habitable", c'est-à-dire à une distance telle de son étoile que l'eau peut exister à l'état liquide. Ainsi, si cette planète géante possède, comme les nôtres, de gros satellites, ces derniers peuvent peut-être garder de l'eau liquide à leur surface (sous réserve d'une atmosphère assurant une pression suffisante, quand même....).
Une animation superbement réalisée vous conduit de la Terre à l'étoile 55 du cancer (55 cancri)
J'ai dressé le tableau suivant à partir de l'annonce de la NASA (je voulais dire: j'aurais dressé un tableau si cette daube de Rapid weaver, codé avec les pieds, en était capable):
Planètede 55 Cancri | 1 | 2 | 3 | 4- la nouvelle | 5 |
Distance à l'étoile
(millions de Km) |
5,5 | 18 | 36 | 117 | 868 |
Durée de l'orbite | 3 jours ! | 15 jours | 44 jours | 260 jours | 14ans |
Taille de la planète | comme Neptune | comme Jupiter | comme Saturne |
45masses terrestres
(comme Saturne) se situerait dans la "zone habitable" |
4x jupiter (!) |
D'autres techniques seront utilisée à l'avenir: détection directe, photométrie... Les programmes de recherches ne manquent pas: outre Corot et SIM, Darwin, Gaia, Planet finder puis EEI sont également dédiés à la recherche d'exoplanètes:
* Corot (COnvection, ROtation et Transit planétaire) a été lancé fin décembre 2006, il va observer 60000 étoiles dans l'espoir de détecter une variation de leur luminosité causée par une planète éclipsant partiellement son étoile. Il ne pourra cependant détecter que les planètes proches de leur étoile.
* Gaia est dédiée à la détection de planètes joviennes, et devrait être lancée vers 2012. Un milliard (!) d'étoiles verront leur position surveillée afin de détecter le "balancement" causé par des corps obscurs massifs gravitant autour d'elles.
* Darwin et planet finder (2020) reprendront l'étude des planètes découvertes par Corot et ses équivalents US, et pourront mener à bien une analyse spectroscopique permettant de connaître la composition des atmosphères éventuelles de ces nouveaux corps célestes.
* EEI (Extrasolar Planet Imager) vers 2050 devra obtenir des images haute résolution de ces planètes...
* l'équipe d'Antoine Labeyrie travaille sur un "hypertélescope" spatial capable de révéler les éventuels continents des planètes telluriques lointaines...
Il y a donc de fortes chances pour que les systèmes planétaires soient très nombreux: la formation de planètes semble être concomitante à la formation des étoiles. Cette assertion semble confirmée par la fait que, parmi les jeunes étoiles qui se forment dans la nébuleuse d'Orion, 85 % émettent un excès de lumière infrarouge (Lada CJ, 2000) qui peut être interprété comme étant la signature de la présence d'un disque proto-planétaire. B. Jones, de l'Open University, estime que 50 % des systèmes planétaires connus sont susceptibles de contenir une planète similaire à la Terre. (Ciel & espace 406, 03/2004, 47-53). Une revue des 120 planètes extrasolaires connues laisse penser que dans un rayon de 200 AL autour du soleil il existe une centaine de planètes comparables à la Terre (Ida, 2003).
D'autres études (Underwood & al., 2005) montrent que sur 104 étoiles comportant des exoplanètes connues, la moitié a pu héberger une planète tellurique semblable à la Terre et située dans une zone d'habitabilité (ie avec eau liquide, atmosphère...) au minimum au cours du dernier milliard d'années, et que 75 % de ces systémes sont susceptibles de contenir une planète de type terrestre pendant le temps correspondant à la séquence principale de l'étoile.
Il n'est pas exclu que les satellites des planètes géantes découvertes puissent eux aussi réunir les conditions propices à l'apparition et au développement de la vie. D'après Williams & al. (1997) les lunes des exoplanètes découvertes autour de 47 Uma et 16 Cyg B remplissent à cet égard les conditions nécessaires, à savoir la possession d'un champ magnétique et d'une masse supérieure à 0,12 masses terrestres.
De plus, même des étoiles très différentes du soleil peuvent offrir les conditions permettant à la vie de se développer: les étoiles géantes rouges, à la vie brève, restent suffisamment stables pour que la vie puisse apparaître à la surface de leurs planètes. Cette vie, dès lors qu'elle a atteint le stade microbien, est susceptible d'envahir tout un système stellaire (voir mes propres conclusions), colonisant les planètes éloignées de l'étoile et évoluant lorsque cette dernière, dans sa croissance, donne aux nouveaux mondes envahis l'occasion de devenir les supports d'une évolution qui non seulement se révèle discontinue dans le temps, mais aussi dans l'espace (Lopez & al., 2005 - arXiv:astro-ph/0503520 v1 23 Mar 2005)
Etoiles |
Distance
(en AL)
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M Turnbull et J.Tarter, deux scientifiques du programme SETI, ontsélectionnéplus de 17000 étoiles susceptibles de posséderdesplanètes telluriques capables de supporter une vieintelligente(Astrophysical Journal Supplement series 145, 181& 149, 423).215de ces étoiles sont à moins de 50annéeslumières de la Terre. 47 UMa est encoreplus intéressante car cette étoileposséde desplanètes agencées en un systéme quiressemble fortau notre. Le tableau ci contrementionne les étoiles les plus semblables au soleilsituées dans notre "banlieue stellaire" |
47 dela grande ourse |
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Chara |
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HD 10307 |
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18du Scorpion |
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HD 211415 |
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51 de Pegase |
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UNE "TERRE" NOUVELLE
lien vers vidéo et interview de M. Mayor
L’étoile Gliese 581 (étoile n° 581 du catalogue de Gliese, astronome allemand qui a listé en 1969 les étoiles situées à moins de 75 années-lumière du soleil) est située à 20,5 AL. du soleil, et nous apparaît située dans la constellation de la Balance. C’est une naine rouge (comme 80 % des étoiles proches) d’un tiers de masse solaire et 77 fois moins lumineuse que notre étoile.
Le système planétaire de cette étoile se composerait de 3 planètes:
- Gl 581c, planète de 5 masses terrestres, de diamètre trois fois supérieur à celui de la Terre, et d’une gravité égale à 2 fois la notre. Cette très intéressante planète est celle susceptible d’abriter une vie correspondant à nos “standards” (?) terrestres. Elle boucle en 13 jour son orbite autour de sa petite étoile, dont elle n’est séparée que de 10,7 millions de km. C’est la plus petite exoplanète découverte.
- Gl 581d, planète de 8 masses terrestres bouclant son orbite en 87 jours environ.
La présence de ces planètes a été détectée grâce à un instrument, le spectrographe HARPS (ressemblant à une petite citerne de camion) permettant de mesurer les (minuscules!) variations de la vitesse de l’étoile induites par le déplacement de ses planètes (qui n’ont jamais été “vues” directement) grâce au télescope de 3.6m de l'ESO à La Silla. Le graphique ci-contre montre le résultat des mesures effectuées: de leur écart par rapport à la courbe théorique sont calculées à la fois le nombre de planètes, mais aussi leur masse et leur distance à l'étoile. Plus les mesures sont nombreuses et précises et plus les données recueillies permettent d'affiner l'analyse. L'existence de ce système planétaire est donc, pour le moment, plus une forte probabilité qu'une absolue certitude!
Le même
instrument continue de recueillir des données nouvelles qui
laissent entendre que l'existence de planètes est des plus
communes (Harps a permis de détecter 75 exoplanètes sur les
400 connues, dont 24 des 28 planètes connues de masse <
20 masses terrestres). Ainsi, l'équipe de S. Udry et M.
Mayor, en utilisant cet instrument, a annoncé le 19 octobre
2009 la découverte de 32 nouvelles exoplanètes, dont les
tailles s'étalent de 6 fois la Terre à 10 fois Jupiter.
(Astrononomy and astrophysics 496, 2, 2009. série
d'articles intitulés : The
HARPS search for southern extra-solar planets)
parmi
ces nouvelles planètes, une serait environ 6 fois plus
massive que la Terre et orbiterai à 8 millions de km de
l'étoile Gliese 667 (ce système comportant en fait 3
étoiles). Elle fait partie d'un système extrasolaire de
plusieurs planètes.
Cette équipe de chercheur considère qu'environ 40 %
des étoiles semblables au Soleil possèdent des planètes
telluriques de taille terrestre.
Des
Jupiters chauds aux superterres.
Au fur et à mesure que la sensibilité des diverses
techniques s'est affinée, les exoplanètes découvertes sont
passées des "jupiters chauds" (planètes géantes orbitant
très près de leur étoile) aux "superterres" (planètes
telluriques orbitant près de leur étoile).
Ci dessus: évolution du nombre de planètes extrasolaires
découvertes en fonction du temps et selon les techniques
utilisées (principalement, en bleu, la mesure des vitesses
radiales, et en vert le transit d'une planète devant son
étoile). Schéma Alderon, d'après l'encyclopédie des
planètes extrasolaires.
Il apparait clairement que ni les systèmes planétaires, ni
les planètes telluriques ne sont rares dans
l'univers.
ON LINE:
* encyclopédie des planètes extrasolaires
* Visions d'ailleurs
* cartes 3D de l'emplacement et des orbites des exoplanètes.
* Videos sur les exoplanètes
Les zones d'habitabilité, un concept anthropocentrique ?
Ci-contre, ce graphique (adapté de Kasting & al, 1993) montre l'étendue de la zone "habitable" (à eau liquide + atmosphère, modèle climatique unidimensionnel) pour différents types d'étoiles (zoom ci-dessous). On peut aussi remarquer qu'au fur et à mesure qu'une étoile vieillit et parcourt sa séquence principale cette zone habitable s'éloigne de l'étoile... Il montre aussi que même des étoiles très différentes du soleil possèdent une zone habitable...
Zone "habitable" pour des étoiles de différents types spectraux - (adapté de Kasting & al, 1993)
Pour illustrer cette possibilité, on peut citer la découverte d'un système planétaire autour de l'étoile Gliese 876: cette étoile est une naine rouge, la classe stellaire la plus répandue dans la galaxie (sur les 150 étoiles les plus proches du soleil, 120 sont des naines rouges - classe M sur le schéma ci-contre). Une des 3 planètes de ce système distant de 15 AL, identifiée en juin 2005 par Rivera & al., est une planète tellurique, 7 fois plus massive que notre Terre (donc d'un diamètre double, à peu près), orbitant à 3 millions de km seulement de son étoile.
Il est donc vérifié que les étoiles les plus communes peuvent posséder un système planétaire possédant au moins une planète tellurique (Alpert, 2005)...
En se basant sur les caractéristiques de la vie terrestre (chimie du carbone, océans d’eau liquide) et du soleil (orbite, age, metallicité, activité, masse) une équipe d’astronomes de l’université de Rio (Porto de Mello & al., 2006) a étudié les étoiles distantes de moins de 10 parsecs (32,6 AL) du soleil. Sur 182 candidates, les auteurs ont sélectionné 33 étoiles potentiellement biogènes, puis ont affiné leur analyse (cherchant à coller au plus près des caractéristiques solaires) pour en retenir 13. Ils considèrent donc qu’environ 7% des étoiles proches ont pu voir éclore une vie de type terrestre. Parmi ces treize candidates, 3 étoiles semblent particulièrement favorables au développement d’une biosphère de type terrestre:
- Zeta Tucanae,
- Beta Canum Venaticorum
- 61 Virginis
Les autres systèmes planétaires sont ils stables ?
En 1992, J. Laskar (Laskar et al. 1993)., du bureau des longitudes, a montré que les caractéristiques orbitales d'une planète sont le plus souvent instables à longue échéance: l'axe de rotation de la Terre est stabilisé par l'existence de la Lune, une véritable "anomalie" astronomique vu le rapport des tailles entre notre planète et son satellite. Nombre de chercheurs en déduisent que la vie doit être rare (Ward & Brownlee, 2000) puisque sur une orbite irrégulière les conditions du milieu changent rapidement....
Mais son raisonnement pêche sur plusieurs points: en effet, Laskar a montré que, sans la Lune, l'obliquité de la terre varierait de 0 à 85 ° en 10 millions d'années seulement, mais en se basant qur une période de rotation actuelle, de 24 h. Or, notre satellite a ralenti fortement la rotation de la Terre, et Laskar lui-même montre que l'obliquité terrestre est stable, même sans Lune, si la rotation de la planète est inférieure à 12 h.
Le graphique représente les situations de l'obliquité de la Terre avec ou sans Lune. Les zones hachurées sont chaotiques, les lignes représentent des situations plus stables. En ordonnée, la constante de précession (en " d'arc/an) qui se révèle être inversement proportionnelle à la vitesse de rotation de la Terre lorsque la Lune est absente des calculs (simulés sur 18 millions d'années) - d'après Laskar, 1993.
Il faudrait aussi prendre en compte les résonances s'exerçant entre planètes du système solaire et expliquant que l'orbite terrestre est plus stable, même sans Lune, qu'il n'y parait au premier abord : les variations climatiques, sans notre satellite, laissent bien place à la vie (Williams & al. 1996). De plus, même d'importantes variations n'empêchent pas la vie: ce serait faire peu de cas de l'étonnante plasticité du vivant et de ses capacités d'adaptation!
Il est apparu dernièrement que les orbites planétaires passent par un stade instable lors de la formation des planètes géantes (a ). Les nombreux petits corps présents dans le protosystème induisent des effets gravitationnels à même de modifier les orbites des planètes les plus massives, et donc celle de leurs satellites... Cependant, cette phase instable, dite de migration planétaire, semble bien se dérouler essentiellement avant l'époque de l'apparition de la vie...
Une équipe de l'université du Colorado et de Pennsylvanie a même montré ( Raymond SN & al., 2006) en simulant la formation de systèmes planétaires où se produisent des migrations de planètes joviennes, que des planètes telluriques riches en eau peuvent se former aisément, même dans ces conditions, dans la "zone d'habitabilité". Cette équipe considère que plus d'un tiers des systèmes planétaires connus comportant des "Jupiters chauds" peuvent comporter des planètes de type terrestre, habitables.
De plus, de nouveaux calculs ont montré que même pour les systèmes d'étoile double, il existe deux orbites stables qui pourraient être occupées par des planètes ou la vie se développerait alors dans un milieu convenable. Laskar lui-même convient qu'il peut exister des planètes telluriques à orbite suffisamment stable sans, nécessairement, qu'elles possèdent une lune de la masse de notre satellite.
Des planètes dans les systèmes binaires.
Il y a quelques années, les binaires étaient considérés comme ne pouvant pas posséder de planètes, et elles étaient éliminées des échantillons stellaires dans lesquels s’effectuaient des recherches d’exoplanètes. Nous savons à présent que les planètes sont aussi communes autour des binaires qu’autour des autres étoiles, et des simulations récentes ont montré que les planètes telluriques se forment aussi aisément autour de binaires (ref). Ces planètes, que ce soit autour de binaires sérrées ou larges, ressemblent tout à fait à celles issues d’étoiles simples (Jack Lissauer, NASA Ames Research Center)
Les binaires larges sont séparées par quelques UA. Les planètes peuvent orbiter autour d‘une des deux étoiles. Tous les systèmes binaires connus possédant des planètes sont des systèmes larges.. Mais les binaires serrées (- d’une UA entre les étoiles) peuvent avoir des planètes orbitant autour des deux étoiles à la fois mais se révélant plus difficiles à détecter.
Lissauer et son équipe ont déterminé quels sont les types de systèmes binaires favorables à la formation des planètes : pour cela, ils ont modélisé l’évolution sur 1 Gy d’un système de 14 embryons de planètes et 140 planétésimaux en orbite autour d’une ou des deux étoiles d’un système binaire. Toutes les simulations réalisées sont capables de conduire à la formation de planètes telluriques de taille terrestre ( Elisa Quintana, Ames research center),
Toutefois, les modèles ne donnent pas tous des planètes situées dans ce que l’on appelle la “zone habitable" (autour de 1 UA - ce qui est discutable, car nous ignorons quelles étaient les conditions “habitables” lorsque la vie est apparue... ensuite, c’est une affaire d’adaptation qui détermine ce qui est “habitable” ou non). Quoi qu'il en soit, pour les binaires larges, les planètes telluriques se forment à la “bonne” distance si les étoiles sont éloignées de plus de 7 UA, ce qui concerne environ la moitié des binaires connues. C’est ainsi le cas de l’étoile la plus proche du soleil, alpha du centaure, binaire dont les composantes sont séparées de 11 UA.
Pour les binaires proches, si les étoiles sont plus rapprochées que 15 millions de km, les planètes se forment comme pour des étoiles simples. Entre 15 et 150 millions de km, la situation est plus complexe: les orbites planétaires sont fortement elliptiques, irrégulières et la matière des disques protoplanétaire a tendance a être éjectée hors du système ou incorporée à une étoile. Les planètes telluriques ne se forment pas.
Autour des naines brunes.
Le 20 octobre 2005, la NASA a annoncé que le télescope IR Spitzer a permis d’identifier la présence de blocs de de poussière et de glace constituant la matière première de formation de planètes autour de 5 naines brunes, des “étoiles ratées” extrêmement communes qui, en dépit de leur faible température et de leur petite taille, donnent bien lieu aux mêmes processus de formation planétaire (au moins dans ses premiers stades - disque protoplanétaires inclus) que les autres étoiles (Science online Oct. 20, 2005. Drs. Jeroen Bouwman, Thomas Henning, Cornelis P. Dullemond, Dr. Antonella Natta)
Les premiers stades de formation des planètes sont donc très répandus dans l’univers, car ils ont été identifiés au niveau de tous les types stellaires. Même les naines brunes sont donc des cibles potentielles pour les recherches d’exoplanètes. Ces étoiles “froides” sont susceptibles de former des planètes, mais les astronomes ignorent si la vie y est possible (cela dépend de la durée de vie de l’étoile et de la distance planète étoile). En tout état de cause, une planète orbitant très près de l’étoile pourrait se trouver, pour longtemps, dans une zone biologiquement favorable.
L’équipe d’Apai a étudié les disques protoplanétaires autour de 6 jeunes (1 à 3 millions d’années) naines brunes situées à 520 AL et possédant des masses comprises entre 40 et 70 Jupiters.
Cinq des 6 disques contiennent des poussières qui se sont condensées et accolées, formant les “briques” de construction des planètes. La présence de cristaux et de grain d’olivine a été confirmée dans ces disques ou des processus d’accrétion se déroulent: un aplanissement des disques a été détecté, ce qui est le signe que des matériaux y sont collectés pour former des planétésimaux.
D'autres travaux montrent que même des modifications majeures de l'orbite terrestre telles qu'une excentricité multipliée par 40, n'auraient eu que peu d'influence sur le développement de la vie (la température moyenne passerait de 15 à 22°C)
a - La migration des planètes - R. Malhotra - Pour la science 264, 10-1999, 54-62
Dans notre propre système solaire: et si les extraterrestres étaient nos proches voisins ?
* Les travaux en cours: centre de recherche en astrobiologie de la NASA (english only!)
Dans le système solaire , il me semble que plusieurs corps célestes ont réuni ou réunissent les conditions nécessaires à l'apparition et au développement de la vie, au moins sous forme microbienne.
Ces conditions sont réunies ou l'ont été sur Mars, dans l'atmosphère des planètes joviennes, Titan , Europe et peut-être sur quelques noyaux cométaires et à la surface et dans l'atmosphère de Venus. La seule façon d'en avoir une certitude est d'y aller voir, nous même ou par robots interposés, et de ramener des échantillons de sol ou d'atmosphère sur Terre pour les étudier à loisir.
Des missions spatiales avec retour d'échantillons planétaires et cométaires sont programmées pour les 20 années à venir par la NASA et l'ESA.
Titan est exploré pour la première fois par la sonde Cassini en ce moment même. Cassini s'est mise en orbite autour de Saturne le 1 juillet.
DOSSIER SPECIAL: TITAN, satellite de Saturne
L'astronome amateur (et graphiste) Christian Waldvogel à réalisé cette vue panoramique de la région sur laquelle Huygens s'est posée d'après les premières images de l'ESA/NASA .
Après cet examen, nous
pouvons répondre:
Existe t'il d'autres planètes sur lesquelles la vie a pu
apparaître ?
OUI