Les envahisseurs
Dernière mise à jour: 4 /11/2008



murchison
28 septembre 1969 - Chute d'une météorite à Murchison, en Australie. Receuillie très rapidement, elle n'est pas contaminée par des organismes terrestres. Son analyse montre qu'elle contient 17 acides aminés différents utilisés par les organismes vivants sur un total de 74 acides aminés, faisant parti d'un ensemble de 411 molécules organiques différentes solubles, dont 3 purines (adénine, guanine, xanthine), et une pyrimidine (l'uracile).


1452445
D.Deamer obtient des membranes organiques à partir des composés extraits de la météorite de Murchison. Ces vésicules enferment un milieu qui serait favorable à la concentration de molécules prébiotiques.

<-- Vésicules obtenues photo NASA / D Deamer.

1989 - Des acides aminés inconnus chez les animaux sont découverts dans une couche d'argile datant de la fin du crétacé. K Zahnle et D. Grinspoon suggèrent l'origine cométaire de ces acides aminés. Les comètes ont donc pu apporter des éléments organiques sur la Terre primitive. L'analyse des poussières cométaires réalisée par plusieurs sondes spatiales montre l'existence de molécules complexes:

moléculesorganiques
%
minéraux
%
hydrocarbures
HC + O
HC + N
HC + S
H2O
16
5
4,5
2
5,5
silicates
FeS
graphite
S
H20
51,5
6
3
1
5,5
analysedétaillée
H2O=100
analysedétaillée H2O=100
méthane CH4
acétylène  C2H2
éthane  C2H6 
méthanol CH3OH
formaldéhyde H2CO 
éthylène glycol   HOCH2CH2OH
acide formique HCOOH 
éthanal   CH3CHO  
formiate de méthyle    HCOOCH3
ammoniac  NH3 
cyanure d'hydrogène HCN
isocyanure d'hydrogène HNC
cyanure de méthyle   CH3CN
cyanoacétylène  HC3N    
acide isocyanique  HNCO
formamide    NH2CHO
thioformaldéhyde   H2CS
0,6
0,1
0,3
2,4
1,1
0,25
0,09
0,02
0,08
0,7
0,25
0,04
0,02
0,02
0,1
0,015
0,02
monoxyde decarbone    CO
dioxyde de carbone     CO2
sulfure d'hydrogène   H2S 
monoxyde de soufre     SO
dioxyde de soufre      SO2
oxysulfure de carbone  OCS
disulfure de carbone   CS2 
disoufre   S2  
23
6
1,5
0,3
0,2
0,4
0,2
0,005


* C. Chyba montre que les météorites ont pu ensemencer la Terre soit en provoquant des réactions chimiques atmosphériques, soit en dispersant dans l'air des poussières contenant des composés organiques.

* Folk identifie en 1998 dans la météorite Murchison des formations pouvant être les reliquats de nano-organismes fossilisés. Des formations similaires sont identifiées, par d'autres équipes de chercheurs, dans d'autres météorites (Allende, ALH 84001, Tataouine, Orgeuil). Toutefois, leur origine biologique reste à confirmer.





Avantages:
En accord avec les connaissances astrophysiques, permet d'expliquer l'origine des acides aminés si l'atmosphère primitive ne permettait pas leur formation.

A l'appui de cette théorie, C.A. Roten de l'institut de génétique et de biologie moléculaire de Lausanne à montré que des micro-organismes comme des bactéries ou des levures peuvent résister à de fortes accélérations ou décélérations (300000 g!). Ces organismes pourraient donc avoir été projetés dans l'espace lors de l'impact de météorites et y rester vivants, protégés à l'intérieur des roches. Ces êtres vivants sont capables de résister au choc d'une rentrée atmosphérique, car le centre d'une météorite de bonne taille ne s'échauffe quasiment pas durant cette rentrée (Pour la science 261 - juillet 1999 ). Expérimentalement, la viabilité de spores de bacillus subtilis a été vérifiée après une rentrée dans l'atmosphère : ces bactéries ont été placées sur des échantillons de granite envoyés dans la haute atmosphère par une fusée-sonde, et récupérées par la suite: 4% des bactéries initialement injectées dans ces échantillons rocheux ont survécu à la traversée de l'atmosphère et à l'impact (Fajardo-Cazavos & al, 2005).

L'étude du milieu interstellaire et des nuages sombres qui s'y trouve montre que des molécules complexes peuvent s'y former par adsorption puis réaction sur des particules microscopiques de poussière. Les rayons UV stellaires, mais aussi les protons émis par les étoiles apportent l'énergie nécessaire aux réactions chimiques qui aboutissent à la formation de molécules carbonées complexes. Parmi ces molécules, on trouve des quinones (Bernstein & al., 1999), molécules que l'on retrouve dans les pigments végétaux. Ces molécules absorbent les UV, et auraient pu jouer un rôle protecteur pour les premiers micro-organismes.
Il se forme également dans le milieu interstellaire des molécules polaires qui, au contact de l'eau liquide, forment des vésicules capables d'incorporer et de concentrer les molécules du milieu ambiant...

Problèmes à résoudre:
Cette théorie, très sérieusement étayée, explique l'origine des molécules prébiotiques, mais ne fournit pas un schéma cohérent pour passer des molécules aux organismes (ce n'est d'ailleurs pas son objet). Elle fournit des arguments sérieux en faveur de l'existence de la vie extraterrestre, puisque les briques de la vie seraient alors présentes à l'identique, ou presque, dans toutes les galaxies...


Référence: Bernstein M, Sandford S, Allamandola L. : Les briques de la vie. Pour la Science 262 - 08/1999 - 70-79

* voir aussi:
les références générales du site
ma vision synthétique de l'origine de la vie