Évolution, involution, révolutions
De récentes découvertes mettent en lumière... notre
ignorance !
Février 2002
Imaginez qu’un scientifique de renom vous déclare un beau
jour qu’il a montré qu’en privant de nourriture un
éléphant, celui-ci se transforme en palmier... Vous
douteriez, avec raison, de sa santé mentale, et pourtant...
Toutes proportions gardées, les résultats obtenus récemment
par le Dr Robinson, fondateur de la société De-novo
biologic (1), sont tout aussi incroyables, et pourraient
annoncer une révision majeure de nos conceptions touchant,
entre autres, à l’origine et à l’évolution de la vie.
L’évolution,
un fait
L’étude de la biochimie des êtres vivants a confirmé, ces
50 dernières années, ce qu’avait permis de supposer
l’ensemble des ressemblances morphologiques et anatomiques
des différents groupes d’animaux et de végétaux, ainsi que
les indications de la paléontologie: toutes les formes
vivantes possèdent une biochimie comparable, basée sur des
molécules similaires et sur un unique système de
transmission de l’information d’une génération à une autre,
le code génétique (2-3). Cela implique que toutes ces
formes de vie dérivent non d’un ancêtre commun, comme on
l’affirme souvent, mais d’un petit ensemble homogène
d’organismes primitifs, peut-être réduit à un seul
individu, peut-être pas.
L’existence même de l’évolution ne s’est imposée que très
tardivement, devant une accumulation de preuves d’origine
variées, et reste même encore combattue par un quarteron de
religieux irréductibles dont la volonté de croire obère
l’esprit critique. Rappelons quelques arguments démontrant
la réalité du processus évolutif:
• Les séquences historiques décrites par les différents
fossiles montrent une succession des formes vivantes avec
des intermédiaires entre les différents groupes, comme par
exemple l’animal fossile ychtyostega qui présentait, il y a
380 millions d’années, à la fois des caractères de poisson
(crâne, queue) et d’amphibien (membres).
• Les similitudes anatomiques entre animaux actuels,
retrouvées à tous les niveaux anatomiques, cellulaires et
moléculaires (4).
• Les observations qui montrent, sur quelques années, une
“microévolution ” en réponse aux modifications du
milieu (5).
• La façon dont se forment les embryons, par superpositions
successives de plans d’organisation différents. Cette
observation avait été faite au 19e siècle tout d’abord par
Baer, puis fortement exagérée par Haeckel en 1866 avec sa
“biogenetischen grundregel” (“l’ontogenèse récapitule la
phylogenèse”) qui traîne encore dans de nombreux ouvrages
en dépit de sa fausseté et des “exagérations volontaires”,
pour ne pas dire plus, de son auteur (6).
Cependant, au-delà de ce cadre très général, des problèmes
commencèrent à se poser lorsque, il y a une vingtaine
d’années, les généticiens comparèrent leurs reconstitutions
de l’histoire de l’évolution, basée sur la vitesse de
modification des gènes dans les générations successives,
avec celle obtenue par les anatomistes et les
paléontologues: de multiples points de désaccord sont
rapidement apparus, et il est alors devenu évident que l’on
avait souvent pris pour une relation évolutive une simple
ressemblance entre deux organes effectuant la même
fonction, et donc soumis aux mêmes contraintes du milieu.
L’histoire de l’évolution fut alors réécrite, avec de
nombreuses modifications (7) mais le consensus actuel sur
le déroulement de l’histoire recouvre en fait une étonnante
pauvreté conceptuelle au niveau des mécanismes pouvant
expliciter cette évolution des organismes.
L’évolution,
une théorie incomplète
La théorie synthétique de l’évolution est la seule théorie
générale qui structure complètement la biologie
contemporaine, c’est dire son importance. Pourtant, les
mécanismes de l’évolution sont encore très largement
inconnus. Cela n’a rien d’étonnant dans la mesure ou ce
concept, au sens où nous l’entendons, est un ensemble
remontant seulement au milieu du 19e siècle. Encore encore
faut-il avoir le courage de le reconnaître!
Les mécanismes connus de l’évolution, définie comme un
ensemble de modifications génétiques permettant
l’exploitation optimale d’un milieu, sont au nombre de
trois seulement (8) :
- La sélection naturelle, pour laquelle l’influence du
milieu est prépondérante: ce dernier sélectionne les
organismes capables de se reproduire par rapport à leurs
compétiteurs. Ce mécanisme extrêmement puissant est
également actif à l’échelon moléculaire, et a du jouer un
grand rôle dans l’organisation des molécules à l’origine de
la vie.
- Les mutations qui, se produisant au hasard, modifient le
matériel génétique, faisant ainsi varier les caractères des
individus
- Le mélange (recombinaison) des gènes permis soit par la
reproduction sexuée soit par les échanges directs de gènes
chez les bactéries. On doit rajouter à ces mécanismes les
possibles transferts de gènes réalisés par des virus, d’une
importance probablement insoupçonnée, qui s’intègrent au
patrimoine génétique d’autres organismes.
Ces 3 mécanismes sont avérés, bien étudiés... et leur
importance relative âprement discutée: aux “gradualistes”
tenant de mutations constantes et accordant la plus grande
importance à la sélection naturelle s’opposent les
“ponctualistes” pour lesquels les processus cités ne sont
pas suffisants pour expliquer les phénomènes constatés.
Pour ces derniers, après de longues périodes de stabilité
génétique, des mutations se produiraient au niveau des
gènes qui organisent la forme du corps, constituant ainsi
une “révolution génétique”. L’existence et l’origine de
cette révolution éventuelle sont encore à définir...
En fait, si les spécialistes de l’évolution expliquent
assez bien l’apparition des différentes espèces (9),
l’évolution des différents plans d’organisation des êtres
vivants (les grandes subdivisions des organismes comme les
insectes, les différents vertébrés...) et le passage de
l’un à l’autre demeurent encore un mystère complet. Pour
illustrer cela, notons que seuls 8 % d’un ouvrage récent
(5), excellent au demeurant, sont consacré à ces problèmes
de “macro-évolution”. L’auteur, Professeur à Oxford,
confesse qu’il faut, à ce propos “reconnaître les lacunes
de notre savoir et continuer les recherches”. Voici une
lucidité que l’on aimerait voir plus souvent chez certains
scientifiques!
Des
conceptions classiques aux bases fragiles
Parmi les 3 mécanismes connus de l’évolution, deux sont
soumis à un ensemble de critiques auquel on ne peut pas
rester sourd:
- Alors que les modifications des organismes, matière
première de la sélection naturelle, sont causées par les
mutations, le professeur Motoo Kimura, généticien japonais
de renom, a montré il y a quelques années que la plupart
des mutations, loin de modifier les caractères de
l’individu, n’exercent en fait aucune influence sur les
capacités des organismes vis-à-vis de la sélection
naturelle! Elles sont “neutres” (10). Cette découverte
allait amener les évolutionnistes à donner plus
d’importance à des facteurs aléatoires, ce qui a été
confirmé depuis par de nombreux modèles informatiques: le
hasard faisait ainsi une entrée discrète dans la génétique
des populations. Cette importance croissante du hasard en
biologie, loin de montrer simplement notre méconnaissance
des phénomènes, semble bien être une composante
fondamentale et trop souvent mésestimée du fonctionnement
du vivant.
- La reproduction sexuée est certes un accélérateur de
l’évolution, mais elle n’est pas indispensable à cette
dernière! Récemment, l’étude d’un groupe de rotifères
(invertébrés marins) a révélé que dans cette espèce, il n’y
a plus de mâles depuis...10 millions d’années au bas mot!
(11). Ce cas unique, qualifié par certains de “scandale
évolutif” (12) nous montre qu’une évolution est possible
chez des animaux pluricellulaires par d’autres voies que la
reproduction!
Ces deux exemples illustrent les problèmes auxquels doivent
faire face les théoriciens de l’évolution, qui partagent
avec les paléontologues une difficulté majeure, celle de ne
pas pouvoir à priori tester la validité de leurs
conceptions par des expériences... Ce qui n’empêche pas
quelques scientifiques hardis d’essayer de reconstituer in
vitro les étapes majeures de l’évolution, quitte à
bousculer l’ordre des choses...
Des
remises en question majeures
Il semble établit pour tous les biologistes que, dans
l’histoire de la vie, les bactéries, organismes formés de
petites cellules sans noyau ni compartiments internes, ont
précédés de plusieurs milliards d’années les cellules dites
eucaryotes, divisées en compartiments, qui nous
constituent. A l’appui de cette thèse, l’ordre des traces
fossiles retrouvées ainsi que le fait que les cellules
eucaryotes contiennent certains éléments d’origine
bactérienne. Ces éléments, fournissant leur énergie aux
cellules, proviendraient de bactéries englobées par les
ancêtres des eucaryotes et utilisées depuis dans toutes les
cellules (13). Cette vision se voit cependant contestée
tout d’abord par les spécialistes de la biologie
moléculaire s’attachant à rechercher les sources de la vie:
ils constatent avec surprise que le fossé entre bactéries
et eucaryotes est si profond, les différences si grandes
qu’il n’est sans doute pas possible que ces deux types
d’êtres vivants ait un seul et même ancêtre! Ils vont là à
contre-courant de l’opinion dominante qui voudrait qu’une
seule forme de vie soit à l’origine de toutes les autres.
Un deuxième point d’achoppement vient des généticiens qui
reconstituent l’histoire du génome bactérien: si l’on en
croit les résultats de leurs calculs, l’origine de ce
génome remonterait à une date supérieure... à la formation
de la Terre!
La plupart des scientifiques académiques (ceux qui
cherchent pour ne rien trouver, et ils sont nombreux!)
balayeraient ces objections en arguant de l’effet du temps
sur la sélection naturelle des organismes et de
l’imprécision des “horloges moléculaires” des généticiens.
Il est beaucoup plus difficile de réfuter les arguments du
Dr Douglas H. Robinson. Ce scientifique, ancien chercheur
dans les services de la marine américaine (au Naval Medical
Research Institute, à Bethesda), a fondé une société se
proposant de produire simplement différentes molécules pour
l’industrie. Il a apparemment du mal à publier ses
découvertes, pourtant fondamentales. Qu’a donc réalisé ce
“paria” de la science ?
Dans le cadre de ses recherches dans la marine, il a
travaillé sur les problèmes liés à l’utilisation des
différents mélanges respiratoires au cours de plongées
profondes . Spécialiste des cellules endothéliales (14),
qui constituent les vaisseaux sanguins, il s’est intéressé
à leurs réactions vis-à-vis de l’oxygène (15), lequel peut
en trop grande quantité se révéler un puissant toxique
poussant les cellules au suicide (elles s’autodétruisent au
cours d’un processus, l’apoptose, dans lequel elles se
fragmentent en petites vésicules). Ces effets délétères de
l’oxygène lui ont probablement donné l’idée d’utiliser ce
gaz pour provoquer des réactions cellulaires pouvant
aboutir à la formation de vésicules contenant des morceaux
d’ADN cellulaire, et donc susceptible de fournir facilement
un moyen d’isoler des gènes. Il allait aboutir, en mettant
au point cette technique, à des conclusions bien plus
hardies.
Robinson a donc soumis une culture de cellules
endothéliales humaines infectées par un rétrovirus à un
stress respiratoire important, faisant se succéder des
périodes où les cellules avaient à leur disposition de
l’oxygène ou n’en disposaient pas. Au bout de deux
semaines, il a été possible d’isoler à partir de cette
culture de cellules 11 types différents de corps bactériens
typiques, ressemblant beaucoup à ceux connus par ailleurs
dans notre environnement, voire déjà isolés du corps humain
dans certaines pathologies (16)!
La première idée qui vient à l’esprit est celle d’une
contamination des cultures. Cette possibilité semble
cependant exclue à cause des précautions prises lors de
cette expérience, qui ont été confirmées par une étude
indépendante. Robinson à donc réussi une expérience
d’évolution dirigée par les variations du milieu, montrant
que certaines cellules eucaryotes humaines peuvent, en
situation de stress respiratoire, “fabriquer” des bactéries
! On savait déjà que certains virus restaient tapis dans
notre génome, s’exprimant de temps à autre, mais personne
n’avait jamais mis en évidence un tel comportement pour des
bactéries!
Les bactéries isolées par Robinson sont similaires à celles
observées il y a bien longtemps, dans les années 20, au
niveau de tumeurs cancéreuses. A cette époque, beaucoup de
chercheurs pensaient que cette maladie avait une origine
bactérienne. Bien que des découvertes ultérieures sur la
formation des métastases aient réorienté cette recherche,
de nombreux chercheurs (17,18,19) isolèrent de drôles de
bactéries à partir de tumeurs animales et humaines. Il faut
néanmoins se monter extrêmement circonspect lorsque l’on
aborde des travaux réalisés il y a si longtemps: les
conditions expérimentales, les procédés d’extraction et de
purification des produits d’origine animale étaient loin de
posséder l’efficacité des méthodes actuelles, aussi ne
doit-on souvent considérer ces anciens travaux que comme
des indices probants plutôt que des certitudes.
Cependant, un demi-siècle plus tard, certains chercheurs
(20) essayèrent de fabriquer un vaccin anticancéreux à
partir de ces étranges bactéries, dont certaines avaient la
capacité de déclencher un sarcome (cancer) chez la souris.
Ils enregistrèrent quelques résultats positifs chez cet
animal (21). Ces bactéries “oubliées” semblent ne pas
posséder de “capsule” qui en délimite la forme, et elles
ont été regroupées en 1974 (22) sous le terme générique de
bactéries CWD (cell wall deficient). Elles présentent des
caractéristiques exceptionnelles: leur forme varie en
culture, où elles peuvent prendre l’aspect de coques
(sphérules), de bacilles (bâtonnets), mobiles ou non, voire
mimer le comportement de champignons microscopiques, avec
production coopérative de “sac à spores”... Ajoutons
également que ces micro-organismes peu conventionnels sont
capables de traverser certains filtres microperforés
arrêtant la plupart des bactéries communes, signalant ainsi
la possibilité d’une forme supplémentaire de taille
extrêmement réduite, de type mycoplasme... Ces bactéries
seraient sans doute demeurées dans le “placard” de la
recherche si elles n’avaient pas refait surface, avec
d’autres, dans le sang et l’urine des malades du SIDA (23).
L’ensemble de ces bactéries fut alors rebaptisé du doux nom
de VLIA (Virus Like Infectious Agents - en biologie, on
aime bien nommer ce que l’on ne connaît pas, cela permet
d’apprivoiser l’inconnu!), et toutes montrent également une
tendance à adopter différentes formes... Tout comme les 26
souches de bactéries déjà isolées en 1941 par Mazet à
partir de malades souffrant de la maladie de Hodgkin* (24)!
Ces bactéries se révélant difficiles à isoler et à
cultiver, et surtout la microbiologie fondamentale étant
passée de mode, la “communauté scientifique” leur accorda
un intérêt poli... Et voilà que 10 ans après les derniers
travaux, ce diable de Robinson ressuscite ces
micro-organismes peu conventionnels, et confirme même sa
découverte proprement incroyable par l‘analyse des gènes
des différentes bactéries qu’il a obtenues: plusieurs
séquences de l’organisme appelé par Robinson “procaryote W”
sont similaires à plus de 85 % à celles présentes dans les
chromosomes humains X, 11 et 21.
De semblables similarités se retrouvent pour des séquences
dispersées sur 19 chromosomes humains, confirmant ainsi
l’origine “humaine” des bactéries observées. On pourrait
penser qu’il ne s’agit là que d’homologies liées à des
gènes présents chez tous les êtres vivants, mais les
bactéries obtenues expriment des molécules d’origine
typiquement eucaryote. Les mêmes phénomènes ont été
constatés avec des cellules d’origine murine et porcine,
ainsi qu’avec des lignées cellulaires tumorales. D’autres
séquences retrouvées chez les bactéries obtenues,
auparavant considérées comme non codantes, ont pu être
reliées à des séquences correspondantes à des protéines
produites par des végétaux ou des champignons. Ces
découvertes sont à rapprocher de l’identification récente
chez certaines bactéries de molécules que l’on pensait
caractéristiques des cellules eucaryotes (25).
Les conséquences des travaux de Robinson, si ces derniers
sont confirmés (ce qui demanderait un intérêt minimum de la
part de la communauté scientifique...) sont énormes:
- au plan évolutif, il apparaît que l’on ne peut séparer
aisément procaryotes et eucaryotes. Il se confirme que l’on
doit considérer les bactéries comme des formes de vie
extrêmement évoluées, débarrassées de tout l’encombrant
appareil membranaire interne des eucaryotes, ce qui les
rend extrêmement performantes. Si les eucaryotes sont les
ancêtres des procaryotes, ce qui est sérieusement
envisageable (26-27) alors l’origine de ces cellules
complexes recule dans le temps, ce qui nous place devant le
paradoxe suivant: la vie est apparue à l’époque où notre
planète n’était pas en mesure de la recevoir.... Il en
résulte donc que son origine est probablement non
entièrement terrestre! Se pose aussi le problème du statut
biologique des virus et des rétrovirus, qui semblent bien
jouer un rôle insoupçonné dans l'évolution du génome des
organismes.
- au plan médical, la possibilité (théorique pour le
moment) de voir des bactéries surgir de l’intérieur de
l’organisme quand ce dernier est soumis à un stress (c’est
à dire à des agressions répétées au niveau cellulaire, ne
pas confondre avec le sens commun de ce mot!) ouvre une
voie nouvelle à la recherche des causes de certaines
affections, qui en l’absence de toute contamination
bactérienne externe pourraient prendre naissance à
l’intérieur même de nos cellules! Ce procédé était connu
pour certaines infections virales et transformations
cancéreuses, mais l’envisager pour des bactéries inconnues
ouvre un champ de recherche encore vierge à ce jour,
pouvant utilement amener à réviser nombre de conceptions
classiques sur les infections à rétrovirus ainsi que
l’origine des processus de cancérisation.
Les mécanismes de l’évolution sont donc bien plus complexes
que nous ne l’avions envisagé, et les secrets de l’origine
de la vie semblent dessiner les contours d’un monde où le
vivant devient une matière plastique, mouvante, décrivant
dans le temps des arabesques complexes dont nous ne sommes
qu’un point...
Aux sources de la vie n’y a t’il qu’un élan
un même vent soufflant sans faiblir jusqu'à l’Homme ?
Ou bien le devenir joue t’ il avec les êtres
comme une brise folle avec des fleurs fanées ? J.Y.
Cousteau
R.Raynal
Professeur
Dr .de l’université de Toulouse
Bibliographie
1
- Robinson DH. An oxygen-related bioprocess drives
eucaryote-to-procaryote genome evolution and speciation. De
novo biologic 2001 - www.denovobio.com
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1980 6-16
3 - Rhodes FTH. La vie et son évolution, ed. voici, 1962
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métabolisme. Bib. Pour La Science; ed Belin, 1980, 154-166
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Belin, 1997
6 - Richardson M. Une fraude en embryologie. Pour la
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9 - Stiassny M, Meyer A. La naissance des espèces. Pour la
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12 - Maynard Smith J. Nature 324, 1986, 300
13 - Gould S.J. L'évolution de la vie sur la Terre - Pour
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14 - Davis TA, Robinson DH, Lee KP, Kessler SW. Porcine
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15 - Forrest VJ, Kang YH, McClain DE, Robinson DH,
Ramakrishnan N. Oxidative stress-induced apoptosis
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Jun;16(6):675-84
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20 - Diller IC, Donnelly AJ. Experiments with mammalian
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21 - Seibert FB, Davis RL. J. Delay in tumor development
induced with a bacterial vaccine. J. Reticuloendothelial
Soc. 21(4), 279-282, 1977
22 - Mattman. Cell wall deficient microorganisms. CRC
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23 - Lo SC, Wang RY, Newton PB 3rd, Yang NY, Sonoda MA,
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virus-like infectious agent (VLIA) derived from a patient
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24 - Mazet, Montpelier Med. 316, 1941 et cancers et
parasitisme latent, Mars Med; 103(3):171-182,
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25
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choanoflagellates: Molecular insights into early animal
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15032-15037, 18/12/ 2001
26 - Poole A.M., Jeffares DC, Jefferes P.D. The path from
the RNA world. J.Mol.Evol. 46, 1998, 1-17
27 - Philippe H, Forterre P. The rooting of the universal
tree of life is not reliable. J.Mol.Evol. 49, 1999, 496-508
28 - Doolittle W.F. Phylogenetic classification and the
universal tree. Science 284, 1999,
2124-2149
*
Maladie de Hodgkin (où lymphogranulomatose maligne): cette
forme de cancer touche certaines cellules des ganglions
lymphatiques (où sont situées les cellules qui “défendent”
notre corps). Ces cellules se multiplient dans les
ganglions, qui grossissent, puis touche la rate, qui
gonfle, avant de se propager au foie, au poumon et au
système nerveux. Son origine est inconnue à ce
jour...
L’ADN, cet inconnu
Le matériel génétique des eucaryotes (organismes constitués
de cellules à compartiments internes : la paramécie
qui s’agitait sous votre microscope au collège, votre
géranium, vous même...) contient de nombreuses séquences
d’origine virale et bactérienne. En fait, notre ADN tant
vanté ressemble à une infâme bricolage d’amateur contenant
des séquences sans intérêt connu, des morceaux de virus, de
bactérie, des recopiages successifs d’un même gène, des
gènes typiques, des gènes baladeurs, coupés en morceaux....
Ce qui nous est souvent décrit comme un grand livre qu’il
suffirait de lire pour connaître les arcanes du vivant
n’est en fait qu’un infâme gribouillage ou chaque
génération d’être vivant, au cours de l’histoire de la vie,
a laissé sa marque: notre ADN contient donc aussi une
véritable succession de graffitis génétiques d’origines
diverses, variées, voire inconnues (28).
De l’interprétation délicate des travaux
anciens
Dans son brevet original, Robinson cite des travaux
remontant aux années 20. Il est toujours difficile
d’utiliser aujourd'hui de telles publications, car bien
souvent nous analysons les travaux des chercheurs de
l’époque à travers le prisme déformant de plusieurs
dizaines d’années de découvertes et d’évolution non
seulement des connaissances, mais aussi de l’attitude
scientifique.
Quelques exemples suffisent à monter l’acuité de cette
difficulté, qui peut nous entraîner facilement à faire dire
aux travaux de scientifiques illustres ou oubliés bien plus
que ce que leurs auteurs voulaient en tirer.
Ainsi en est-il, par exemple, des découvertes d’Antoine
Béchamp, à la fin du 19e siècle. En pleine controverse sur
les micro-organismes, ce scientifique montre avant Pasteur
que certaines maladies des vers à soie sont d’origine
bactérienne. Plus tard, il s’oppose à ce dernier au sujet
de la fermentation: alors que pasteur la tient pour
réalisable uniquement par des micro-organismes, Béchamp la
réalise expérimentalement à partir de débris minéraux
provenant de dépôts recueillis dans des cuves à
fermentation. Il nomme microzymes les corps susceptibles de
réaliser cette fermentation. Béchamp a été, à l’époque, peu
écouté et parfois ridiculisé. Avec le recul nécessaire et
les connaissances modernes, il apparaît comme un précurseur
dans la mise en évidence des enzymes: il est probable que
Béchamp ait observé le premier l’activité de complexes
enzymatiques adsorbés sur des débris minéraux: des débris
acellulaires pouvaient donc fort bien avoir une activité
enzymatique fermentative, mimant ainsi une caractéristique
tenue, à l’époque, pour être le propre des seuls êtres
vivants. Au début du 19éme siècle, Berzélius avait lui
aussi découvert un mécanisme basé sur des catalyseurs pour
expliquer les fermentations, mais qui s’en souvenait à
l’époque? Béchamp interpréta sa découverte selon les
connaissances de son temps, et proposa que les organismes
vivants produisent des “ferments” ou des “zymases”
différentes. Il prédit que ces structures mal définies
pouvaient sortir des micro-organismes, et se retrouver dans
nombre de liquides physiologiques. Il proposa que les
bactéries puissent prendre plusieurs formes, se révélant
polymorphes: avait-il observé, avant tout le monde, des
souches de type “CWD” ? Il proposa aussi, en avance sur son
temps, cette expression prophétique: “il n’y a qu’une
chimie”. C’était en cela le précurseur ignoré de
l’enzymologie moderne, comme nous pouvons le savoir
aujourd’hui, mais comment aurions nous réagi à l’époque,
alors que l’on accordait une “toute-puissance ” aux
êtres vivants microscopiques sans songer que c’était à
l’intérieur d’eux même que se cachaient les secrets de leur
action? Ainsi, malgré que Wohler ait réussi en 1828 la
synthèse de l’urée, molécule que l’on croyait produite
uniquement par les êtres vivants, Pasteur n’admettait pas
que des réactions chimiques puissent expliquer l’action des
êtres vivants: nous savons maintenant qu’il était dans
l’erreur, et que les observations et les réserves de
Béchamp étaient justifiées. Si ce dernier était un
précurseur incompris (il fallut attendre les travaux de
Büchner pour mettre en évidence les enzymes), d’autres
chercheurs interprétèrent, en toute bonne foie, de façon
erronée leurs expériences. Ainsi en est-il de Jules Tissot,
un spécialiste de l’étude des tissus vivant au microscope
(nous dirions maintenant un histologiste). A son époque
(1920), la constitution interne de la cellule restait à
découvrir, le microscope optique ne permettant pas, en
fait, son étude. Nombreux étaient les scientifiques
(Masson, Golgi...) qui mettaient au point de savants
mélanges de colorants et de décolorations pour mettre en
évidence les éléments internes de la cellule (toujours très
petits et difficilement visibles, leur étude ne débutant
réellement qu’avec la généralisation de la microscopie
électronique, après guerre). Tissot observe, au moyen de
ses colorations, des constituants intracellulaires “en
forme d’haltères”. Comme ces constituants perdurent après
la mort des cellules, il y voit des formes de vies
élémentaires; constituant les cellules. Ce point de vue
était parfaitement défendable dans les années 30, il est
même possible que Tissot, par ses observations minutieuses,
ait mit en évidence des organites comme les mitochondries,
ou des fibres de collagène, ou même des bactéries
intracellulaires comme les mycoplasmes, d’allure
changeante, et susceptibles d’expliquer les phénomènes
qu’il a observé. Tissot interpréta ses observations selon
les connaissances de son temps, et même si les conclusions
qu’il en tira s’avèrent aujourd’hui erronées, on ne peut
nier les phénomènes qu’il a observés d’un simple trait de
plume: si nous ne pouvons accepter les conclusions, nous
nous devons de valider et d’expliciter ses observations au
moyen de nos connaissances actuelles, tout en gardant à
l’esprit le fait qu’il ait pu observer, de façon fortuite,
des phénomènes exceptionnels et peu reproductibles.
Tous ces scientifiques ont eu en commun l’honnêteté
intellectuelle de se baser uniquement sur leurs
observations et leurs expériences pour proposer de
nouvelles idées. Le fait qu’ils furent incompris, parfois
dans l’erreur, parfois précurseurs, n’enlève rien à leur
contribution à l’édification des connaissances, processus
qui se nourrit de davantage d’erreurs que de certitudes!
Chacun, à sa manière, n’a pas hésité à s’opposer aux
conceptions dominantes de son temps, permettant ainsi
d’utiles débats et ouvrant parfois des voies nouvelles, qui
n’ont été explorées que bien plus tard, alors que leurs
noms mêmes étaient oubliés... Les chercheurs actuels,
souvent peu au fait de l’histoire de leur discipline, se
doivent de s’interroger et de se demander, au-delà de la
moquerie qui est la réaction des médiocres: “qu’ont-ils vu?
Pourquoi en ont-ils déduit cela ? Que peut-on en penser
aujourd’hui ?” Car c’est ainsi que se bâtit, sur ses
fondations instables et constamment renouvelées, l’édifice
du savoir.